Drogba ou Giovinco ? Giovinco ou Drogba ?

Giovinco vs Drogba

L’affrontement Montréal - Toronto de ce samedi sera l’occasion d’un nouveau duel à distance entre deux des grandes vedettes offensives de MLS, Didier Drogba et Sebastian Giovinco. Tous deux ont changé le visage de leur équipe et lui ont apporté une nouvelle dimension. Québécois et Ontariens prétendent évidemment que le meilleur est celui qui porte le maillot de leurs favoris. Sans vouloir les départager, nous nous sommes livrés au jeu des comparaisons, dans des catégories choisies de manière bien subjective, avouons-le.


Le palmarès - avantage Drogba

Difficile de comparer un joueur qui vient de fĂªter ses 38 ans Ă  un autre qui n’entrera dans la trentaine qu’en janvier prochain. Le premier a eu davantage de temps pour se bĂ¢tir un palmarès. C’est avec Chelsea qu’il a remportĂ© le plus de trophĂ©es, notamment quatre titres de champion d’Angleterre en plus de soulever quatre fois la FA Cup. Il a Ă©galement gagnĂ© la Ligue des champions europĂ©enne en 2012. En Turquie, sous le maillot de Galatasaray, il a remportĂ© un championnat et une coupe.


À cela, il faut ajouter une kyrielle de récompenses individuelles, notamment deux titres de Joueur africain de l’année pour un joueur qui a terminé meilleur buteur du championnat d’Angleterre à deux reprises. Il restera toutefois une ligne éternellement vide à son palmarès, lui qui n’a jamais remporté la Coupe d’Afrique des nations avec la génération dorée de la Côte d’Ivoire.


Giovinco, qui a effectué ses débuts en 2007 avec la Juventus qui évoluait cette saison-là en D2 italienne, a été élu meilleur espoir du championnat d’Italie dès ses premiers pas en Serie A un an plus tard et a soulevé deux fois le Scudetto avant de venir en MLS, dont il a été élu Joueur de l’année la saison dernière.


La saison 2015 - avantage Giovinco

Encore lĂ , la comparaison n’est pas des plus simples puisque l’Italien est arrivĂ© Ă  Toronto pour le dĂ©but de championnat, alors qu’il a fallu attendre septembre pour voir la première titularisation du buteur montrĂ©alais. On peut donner Ă  Giovinco la palme de la rĂ©gularitĂ©, puisqu’il a brillĂ© d’un bout Ă  l’autre de la compĂ©tition, dont il a terminĂ© meilleur buteur avec 22 rĂ©alisations, mais Ă©galement en tĂªte du classement des passes dĂ©cisives, contribuant Ă  la première qualification de Toronto pour la phase finale en neuf ans d’histoire. Celui que d’aucuns considèrent actuellement comme le meilleur transfert de l’histoire de la MLS a vu son excellente première saison rĂ©compensĂ©e du titre de Joueur de l’annĂ©e.


Après une première montĂ©e au jeu difficile et un mois Ă  se remettre en forme, Drogba a immĂ©diatement fait fureur, en inscrivant trois buts dès sa première titularisation pour finalement trouver douze fois le fond des filets en quatorze apparitions. Il ne faut pas oublier qu’avant cela, il avait jouĂ© Ă  Chelsea, oĂ¹ il avait inscrit six buts lors de la saison 14/15, la plupart entre octobre et dĂ©cembre 2014 et le dernier en avril dernier Ă  Leicester. Alors que l’annĂ©e 2015 de MontrĂ©al a Ă©tĂ© en montagnes russes, l’arrivĂ©e de Drogba a permis Ă  l’équipe de viser les sommets.


Le poids dans l’équipe - égalité (ou très léger avantage Drogba)

Restons ici en MLS et dans les chiffres purs et durs, mĂªme s’il y a bien plus que cela. Cette annĂ©e, Giovinco, qui n’a pas encore manquĂ© la moindre minute, est tout simplement indispensable Ă  Toronto : il a inscrit quatre des six buts de l’équipe… et a donnĂ© la dernière passe lors des deux autres ! Drogba a beaucoup moins jouĂ©, ce qui n’a pas empĂªchĂ© MontrĂ©al de bien s’en sortir sans lui… et de se montrer plus menaçant une fois sa vedette sur le terrain.


L’an dernier, Giovinco a inscrit 22 buts en 2865 minutes, soit un but toutes les 130 minutes. Drogba a fait mieux : il a trouvĂ© les filets une fois toutes les 98 minutes (14 en 1172 minutes sur le terrain). Si on rajoute les 13 buts lors desquels l’Italien a donnĂ© la dernière passe, les chiffres se rééquilibrent. Giovinco a donc eu un pied dans 35 (38 si on compte aussi l’avant-dernière passe) des 58 rĂ©alisations (soit 65%) de Toronto en 2015. Ă€ partir de sa première titularisation, Drogba a Ă©tĂ© directement impliquĂ© dans 15 des 24 buts montrĂ©alais (62,5%). LĂ  encore, on est proche.


Enfin, depuis son arrivée, quand Drogba a joué (titulaire ou remplaçant), Montréal a pris 64% des points disponibles (pour le bien des statistiques, on fait comme si une victoire en phase finale valait trois points), alors qu’avec Giovinco, Toronto a pris 47,5% de l’enjeu.


Les buts marqués - égalité

Ă€ nouveau, il y a un contraste a priori, cette fois en raison du gabarit des deux joueurs. D’un cĂ´tĂ©, un colosse mesurant 188 cm pour 84 kg, de l’autre, une fourmi (atomique, certes), qui ne paraĂ®t pas faire le poids du haut de ses 162 cm et ses 60 kg. Vous vous en doutez, dans le jeu aĂ©rien, il n’y a pas photo entre les deux. L’avantage va Ă  l’Ivoirien, qui aime Ăªtre près du but et apprĂ©cie particulièrement voir ses coĂ©quipiers construire très haut et acculer l’équipe adverse. Il ne dĂ©daigne pas pour autant le jeu au sol, sait se placer pour Ăªtre lancĂ© seul face au gardien et semble avoir pris goĂ»t aux buts sur talonnade depuis son arrivĂ©e en MLS.


De son cĂ´tĂ©, Giovinco compense sa petite taille par sa vivacitĂ© – lâ€™Ă¢ge aidant aussi. Ă€ vrai dire, il est extrĂªmement complet, pouvant marquer dans presque toutes les situations de jeu, des constructions calmes aux contre-attaques. Il est Ă©galement très douĂ© sur phases arrĂªtĂ©es et nous a gratifiĂ©s de quelques somptueux coups francs directs la saison dernière (ce dont Drogba est capable aussi). Les ballons qu’il prĂ©fère pour marquer sont ceux qui viennent de derrière lui, et il n’hĂ©site jamais Ă  tirer (181 tirs la saison dernière, pour 138 Ă  Villa, deuxième de ce classement particulier, et 91 Ă  Wondolowski, septième) : la jambe d’un adversaire est un atout non nĂ©gligeable pour tromper le gardien adverse…


Les buts offerts - avantage Giovinco

Si Giovinco a Ă©tĂ© le roi de la dernière passe en 2015, Drogba n’en a distillĂ© qu’une seule depuis son arrivĂ©e Ă  MontrĂ©al la saison dernière (Ă  Duka, contre New England). Cela ne veut pas dire qu’il n’y est pas apte, comme il l’a prouvĂ© plus tĂ´t sa carrière, mĂªme s’il demeure avant tout un buteur. Il est capable de se dĂ©placer sur toute la largeur du terrain et de dĂ©crocher pour soit glisser un ballon chaud près du but soit lancer un partenaire. Il fut mĂªme un temps Ă  Chelsea oĂ¹ il envoyait les phases arrĂªtĂ©es droit sur la tĂªte d’un coĂ©quipier.


Si l’Ivoirien est plus Ă  l’aise quand son Ă©quipe construit, Giovinco est, lĂ  encore, très complet puisque toutes les situations de jeu lui conviennent Ă  nouveau. Sa vitesse et Ă  sa mobilitĂ©, mais aussi le fait qu’il puisse Ăªtre alignĂ© sur le flanc lui permettent d'Ăªtre plus polyvalent. Le format de poche est capable de dĂ©stabiliser une dĂ©fense d’un coup de rein ou dâ€™Ăªtre un des maillons menant une contre-attaque Ă  son terme, avant de trouver le coĂ©quipier qui va envoyer le ballon au fond des filets. Et s’il n’est pas fort de la tĂªte, il excelle en revanche pour offrir de bons ballons aĂ©riens. Quand il y a de nombreux joueurs dans la zone de vĂ©ritĂ©, le redoutable buteur se transforme en passeur dĂ©cisif : alors que tout le monde se demande comment il va marquer, il dĂ©tecte son partenaire le mieux placĂ© et lui offre un caviar.


Les confrontations directes - avantage Drogba

Bien entendu, les deux joueurs Ă©tant aux antipodes l’un de l’autre sur le terrain, leur prestation ces jours-lĂ  ne dĂ©pend pas de la manière dont l’un aurait directement pris le dessus sur l’autre. Mais cela reste intĂ©ressant Ă  regarder. L’avantage pour Drogba est net. Il y a tout d’abord les duels MontrĂ©al - Toronto en MLS : deux rencontres (toutes au QuĂ©bec), deux victoires de l’équipe locale, avec deux buts de l’Ivoirien lors de la première et un lors de la seconde alors que son concurrent d’en face est restĂ© muet.


MĂªme si Chelsea et la Juventus se sont affrontĂ©s Ă  quelques reprises lorsque les deux joueurs y militaient, ils ne se sont jamais retrouvĂ©s sur le terrain en mĂªme temps lors de ces confrontations. La seule fois oĂ¹ cela s’est produit date de la saison 12/13, alors que Drogba Ă©tait Ă  Galatasaray, dans le mĂªme groupe que la Juventus en Ligue des champions. LĂ  encore, il faut beaucoup creuser puisque pour les voir ensemble sur la pelouse, il a fallu attendre les derniers instants du match en Turquie, moment de la montĂ©e au jeu de Giovinco. Les Italiens se sont inclinĂ©s 1-0, Drogba avait offert le but Ă  Wesley Sneijder. Pour la petite histoire, la rencontre Ă  Turin (oĂ¹ Giovinco n’était mĂªme pas sur le banc) s’était terminĂ©e sur un nul 2-2, avec un but et une passe dĂ©cisive de Drogba.