Mondial -17 ans : futurs Hazard, Kroos, Shea et anonymes

Greg Garza with the USMNT

La Coupe du monde des moins de 17 ans a lieu en ce moment au Chili. Un évènement à suivre ? La compétition est en tout cas diffusée à la télévision dans plusieurs pays du monde et passe, notamment, sur RDS au Canada. Alors, chers téléspectateurs, avez-vous sous les yeux les futures vedettes mondiales ? Celles dont le talent illuminera la planète soccer à partir du milieu des années 20 ?

Pour répondre à cette question, rien de tel qu’un tour dans le passé. Qui était présent à la Coupe du monde des -17 ans 2007 en Corée du Sud, la première à 24 équipes, et fait aujourd’hui partie des noms que nous entendons régulièrement, soit en raison de leur statut international soit parce que ce sont des valeurs sûres de MLS ? En voici quelques-uns, et leur parcours depuis le tournoi :


Toni Kroos : Quelques semaines avant son départ pour la Corée du Sud, l’Allemand a intégré l’équipe première du Bayern, mais a encore beaucoup joué en équipe réserve pendant une saison. Un prêt à Leverkusen lui a permis de faire décoller sa carrière en 2009, d’effectuer ses débuts en équipe nationale A avant de revenir au Bayern avec un statut d’incontournable. En 2014, il est un des meilleurs joueurs de la Coupe du monde remportée par son pays et est transféré au Real Madrid pour près de 40 millions de dollars.


James Rodriguez : Joueur d’Envigado depuis sa tendre enfance, il y effectue ses débuts en équipe première en 2006 et aide l’équipe à monter de D2 en D1 colombienne. Il y reste une saison avant de partir en Argentine, à Banfield, durant deux ans. Il fait partie des meilleurs jeunes étrangers de l’histoire du championnat et attire l’œil de clubs européens. Porto se montre le plus convaincant : il y signe en 2010, confirme son talent et voit sa valeur marchande augmenter. Quand il part pour Monaco en 2013, il est le deuxième joueur le plus cher de l’histoire du championnat du Portugal. Sa saison en France se termine par une fabuleuse Coupe du monde (beaucoup pensent qu’il en a été le meilleur joueur) et un transfert au Real Madrid pour une somme avoisinant les 110 millions.


Eden Hazard : Le Belge était parti à 14 ans au centre de formation de Lille, et intègre le noyau de l’équipe première au début de la saison 07/08. Après une saison d’apprentissage, il devient titulaire, marque ses premiers buts, étale sa technique et est élu meilleur espoir du championnat de France. En 2010, il remporte ce trophée une deuxième fois consécutive. Un an plus tard, il est carrément élu meilleur joueur de la compétition. Il reste encore un an en France avant de partir à Chelsea pour 56 millions. Il s’intègre immédiatement, continue de progresser et est élu meilleur joueur du championnat d’Angleterre 2015 tant par les médias que par ses pairs. International belge depuis 2008, il compte déjà plus de 60 sélections même s’il a souvent éprouvé du mal à être aussi convaincant chez les Diables Rouges qu’en club.


Christian Benteke : Lors du Mondial en Corée, Benteke est aux portes de l’équipe première de Genk, club qu’il a rejoint un an plus tôt après deux saisons au Standard. Malgré tout, il joue peu, et le Standard souhaite le récupérer. Il y retourne début 2009. Il alterne les hauts et les bas, est souvent prêté, connaissant une bonne saison à Courtrai – aux côtés de Laurent Ciman et sous l’entraîneur Georges Leekens. Il retourne à Genk en 2011 et c’est là que sa carrière décolle. Entre temps, Leekens, qui l’apprécie beaucoup, est devenu entraîneur de l’équipe nationale belge et le sélectionne régulièrement. Un an après son retour dans le Limbourg, il signe à Aston Villa qui a beaucoup insisté pour l’attirer. En Angleterre, il multiplie les buts, monte dans la hiérarchie des attaquants en équipe nationale, et est transféré l’été dernier à Liverpool pour 65 millions, devenant le joueur belge le plus cher de l’histoire jusqu’au passage un mois plus tard de De Bruyne à Manchester City.


David De Gea : Arrivé à l’Atletico Madrid à l’âge de 13 ans, le gardien espagnol est toujours dans les équipes de jeunes du club au moment du Mondial sud-coréen. Un an plus tard, il intègre l’équipe réserve, et attend une saison de plus avant d’arriver en équipe première. Troisième gardien, il profite de l’indisponibilité de ses concurrents pour jouer, se mettre en valeur et, à terme, prendre leur place. Il tape dans l’œil de Manchester United, qui cherche un portier pour succéder à Edwin Van der Sar sur le point de prendre sa retraite. De Gea y signe en 2011 et y est titulaire indiscutable depuis. Il a fêté sa première sélection en équipe nationale en 2014 et est considéré comme le successeur désigné de Casillas.


Danny Welbeck : Formé à Manchester United, il joue pour l’équipe des -18 ans du club quand il participe au tournoi en Corée du Sud. Il commence à fréquenter l’équipe première à partir de début 2008. Il y joue son premier match officiel en septembre de la même année, mais est prêté pour s’aguerrir. Sa carrière décolle à Sunderland en 2011, il devient international et revient à Manchester. Il n’y est toutefois pas considéré comme un incontournable, et le club le laisse partir à Arsenal en 2014. L’Angleterre, qui manque souvent d’options, a davantage besoin de lui.


Mamadou Sakho : Le Parisien a commencé à jouer au Paris FC à 8 ans avant de passer au PSG à l’âge de 12 ans. Il y signe son premier contrat pro quelques semaines avant de partir au Mondial -17 ans. Il devient un défenseur central reconnu en 09/10, à 19 ans, et capitaine de l’équipe deux ans plus tard. En 2012, il subit l’arrivée de vedettes attirées par les gros sous du club, mais joue quand même presque tout le temps et devient champion de France avant de prendre la direction de Liverpool. International A depuis 2010, Sakho a joué 4 des 5 rencontres de la France à la Coupe du monde 2014.


La liste des vedettes internationales s’arrête cependant là. Derrière, de nombreux joueurs (même certains venant de grands pays) vivaient alors… le sommet de leur carrière et militent actuellement dans les divisions inférieures, chez les amateurs ou ont raccroché les crampons. On a évidemment aussi un lot de professionnels, plus ou moins accomplis. Parmi ceux qui ont très bien réussi, citons Marco Ureña (Costa Rica) qui était à la dernière Coupe du monde, Bojan Krkic (Espagne) qui, après avoir battu des records de précocité à Barcelone, tente de retrouver les sommets à Arsenal, le gardien allemand du PSG Kevin Trapp dont la carrière décolle en ce moment au grand plaisir de Rihanna, le Brésilien de Lyon Rafael ou encore Yann M’Vila (France) qui tente de retrouver à Sunderland ses heures de gloire rennaises.


Abonnée de la compétition, dont elle n’a été absente qu’en 2013, l’équipe américaine comptait en ses rangs des joueurs presque tous affiliés à des clubs amateurs. Seule exception, à une époque pourtant pas si lointaine où les équipes de jeunes étaient une denrée rarissime dans les clubs pros, Fuad Ibrahim venait d’être recruté par le FC Dallas par le biais du SuperDraft. Dans le groupe, voici les joueurs qui sortent du lot actuellement :


Brek Shea : Listé par la Fifa comme jouant dans le club amateur du Texans FC, Shea passait le plus clair de son temps à l’académie IMG en Floride. Le FC Dallas l’a recruté lors du SuperDraft 2008 et il y a progressé de saison en saison, devenant international en 2010 et faisant partie des attractions de la MLS. Cela lui a valu un transfert à Stoke, en Angleterre, pays où il n’a quasiment jamais joué en deux ans malgré plusieurs prêts. Il est revenu en MLS cette année, à Orlando, où il apporte son expérience à un poste plus reculé dans le jeu.


Greg Garza : Il jouait aux Dallas Texans, en USSDA, au moment du Mondial -17 ans, mais revenait d’une saison au Brésil, à Sao Paulo. Il n’est resté qu’un an au Texas, avant de partir au Sporting Portugal et de jouer avec les -19 ans du club. Il effectue ses débuts en équipe première à Estoril, en D2 portugaise, mais ne joue presque jamais. Fin 2011, il signe à Tijuana, en D1 mexicaine, où il joue plus régulièrement mais pas encore assez, ce qui lui vaut actuellement d’être prêté à l’Atlas Guadalajara. Malgré son temps de jeu limité, il compte 9 sélections en équipe nationale A.


Kofi Sarkodie : À l’époque du tournoi, la Fifa nous informe qu’il défend les couleurs de l’Ohio FC Mutiny. Mais comme Shea et bien d’autres de sa promotion, il peaufine son écolage à l’académie IMG. Il étudie à l’université Akron, qui a aussi une bonne équipe de soccer, et se retrouve enfin dans l’équipe première d’un club quand Houston le recrute lors du SuperDraft 2011. Il devient indéboulonnable au poste d’arrière droit en 2013, brille en 2014 mais connaît une saison 2015 difficile comme celle de son club.


Comme dans les autres effectifs, les joueurs sélectionnés à l’époque par John Hackworth ont connu des fortunes diverses. Mais plusieurs noms nous sont encore très familiers aujourd’hui, notamment Sheanon Williams (Houston), Tommy Meyer (LA Galaxy), Chris Klute (Columbus), Jarred Jeffrey (DC United), Danny Cruz (Philadelphie, en prêt à Bodø/Glimt) ou encore Zac MacMath (Colorado).


Il est à noter que quelques joueurs d’autres nations présentes au Mondial -17 ans en 2007 sont également passés, avec plus ou moins de succès, en MLS : Jake Gleeson (Nouvelle-Zélande / Portland), Johnny Leveron (Honduras / Vancouver), Luis Garrido (Honduras / Houston), Mechack Jérôme et Peterson Joseph (Haïti / Kansas City), Ishmael Yartey (Ghana / Portland), Aaron Maund (Trinité-et-Tobago / Toronto et Salt Lake), Kevin Molino (Trinité-et-Tobago / Orlando).


En conclusion, oui, il y a de futures vedettes mondiales à la Coupe du monde des moins de 17 ans, et certains joueurs sont déjà promis à un brillant avenir. Si vous parcourez les effectifs des éditions précédentes, vous verrez que 2007 est représentatif, tant pour les États-Unis que pour le reste du monde. Constater que presque tous les grands noms cités plus haut arrivaient en équipe première de leur club à cet âge en dit très long. Ce sont d’ailleurs ceux qui ont le plus de chances de réussir. Les autres, en majorité, pourront déjà être contents en gagnant un jour leur vie grâce au soccer. Beaucoup d’entre eux disparaîtront de la circulation. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas au tournoi deviendront bien plus célèbres au cours des prochaines années.