Les grandes tendances du SuperDraft

Les grandes tendances du SuperDraft -

Le SuperDraft 2015 a lieu ce jeudi et pour cette occasion, j’ai souhaité me pencher sur l’évolution de cet évènement incontournable de début d’année. Pour ceux qui ne sont pas encore familiers avec la MLS, il s’agit, en gros, d’une séance permettant de recruter principalement des joueurs qui évoluaient dans les rangs universitaires. La plupart d’entre eux vont terminer leurs études au printemps, mais d’autres plus jeunes et particulièrement doués ont reçu un contrat Génération adidas de la MLS, compensant la perte de certains avantages octroyés par les universités américaines aux sportifs qui défendent leurs couleurs. Quelques jeunes venus de l’étranger font aussi partie du lot.


À 24 heures d’annoncer leur choix, les entraîneurs et directeurs techniques ont évidemment déjà tous une idée précise de ce qu’ils recherchent, et des noms en haut de leur liste. Faut-il prioriser un joueur opérationnel immédiatement ? Sur quel poste concentrer son premier choix ? Celui-ci représente-t-il une garantie ou y a-t-il des risques que le joueur en question ne joue pas la moindre minute ? Certains clubs ont-ils une approche particulière ? Quelle importance accorder à ce SuperDraft, et comment celle-ci évolue-t-elle ? Nous tenterons de répondre à ces questions sur base du temps de jeu du premier joueur choisi par chaque club au cours des cinq dernières années (en incluant la phase finale de la saison, évidemment).


L’analyse détaillée du tableau ci-dessous ne laisse planer aucun doute : en cinq ans, les joueurs recrutés lors du SuperDraft ont de moins en moins de poids dans leur équipe au cours de la saison qui suit. Voilà les chiffres : de 2010 à 2012, ils avaient en moyenne 33% de temps de jeu (respectivement 32, 34 et 33). Ces années-là, 7 joueurs (sur 16 clubs, puis 18, puis 19) ont joué 50% du temps ou plus (en gras dans le tableau). En 2010 comme en 2011, seuls deux joueurs n’ont pas joué une minute en MLS (en italique dans le tableau), ils étaient trois en 2012.


Les deux dernières années furent radicalement différentes. En 2013, les joueurs choisis en premier par leur club ont eu une moyenne de seulement 18% du temps de jeu possible. L’an dernier, ce fut légèrement mieux, avec 23%. Ils furent en outre respectivement 3 et 4 à franchir la barre des 50%, soit autant en deux ans qu’en une seule année lors des saisons précédentes. Quant à ceux n’ayant pas joué du tout, ils étaient 4 en 2013 et 7 la saison passée. En cinq ans, le rapport joueurs très utilisés / joueurs jamais utilisés s’est donc inversé, confirmant la tendance du temps de jeu à la baisse des recrues venues des rangs universitaires. Attention toutefois, cela ne concerne que leur première saison au club, et des joueurs comme Kofi Sarkodie ou Dom Dwyer montrent que ne pas démarrer sur les chapeaux de roue n’empêche pas de devenir titulaire indiscutable par la suite. Jordan Graye est un exemple qui tend à montrer le contraire, mais des cas comme lui semblent plus rares.


Le poste auquel évolue le joueur a aussi une certaine importance quant à son rendement à court terme. Impossible de se prononcer pour les gardiens, car il n’y en a eu que trois parmi les 91 premiers choix des clubs en cinq ans, ce qui représente un trop petit échantillon. Le poste le moins convoité ensuite est celui d’attaquant, et peut-être avec raison : parmi les 27 appelés, ils ne sont que 5 à avoir dépassé les 50% de temps de jeu à leur première saison, et les deux meilleurs ne sont qu’à 71% (CJ Sapong et Deshorn Brown).


Les chiffres montrent donc que c’est en allant chercher un joueur en défense ou dans l’entrejeu qu’on a le plus de chances d’avoir un rendement immédiat. Les défenseurs sont d’ailleurs une cible privilégiée, puisque 32 d’entre eux ont été les premières recrues d’un club lors des cinq dernières éditions du SuperDraft. Et ils sont 11 à avoir dépassé les 50% de temps de jeu dès leur première saison. Parmi eux, le recordman toutes catégories Andrew Farrell (93%), mais aussi trois autres joueurs ayant joué plus de 80% du temps (Austin Berry, Jalil Anibaba et AJ Soares). C’est au milieu que le ratio de joueurs utilisés plus de la moitié du temps est le meilleur : 11/29. Cependant, seul Perry Kitchen a dépassé les 80% de temps de jeu.


Les clubs n’ont pas non plus tous la même approche du SuperDraft. Certains misent beaucoup sur cette séance de recrutement, et c’est assez facile à constater. En tête de liste : DC United et New England, dont les joueurs recrutés en premier au cours des cinq dernières années ont une moyenne tournant autour des 60% de temps de jeu lors de leur première saison, ce qui est pour le moins remarquable. Cela l’est d’autant plus à DC United que celui qui fait chuter la moyenne est Taylor Kemp, devenu titulaire lors de sa deuxième saison. Le club de la capitale des États-Unis est le seul dont quatre joueurs ont dépassé les 50% de temps de jeu dès leur première année en MLS. Ils sont trois à New England, mais aussi à Chivas USA et Dallas. Il est évident que ce jeudi, les supporters de ces clubs (excepté évidemment ceux de la défunte formation californienne) surveilleront avec beaucoup d’intérêt le choix de leurs dirigeants.


En revanche, si vous êtes supporter de Salt Lake ou de Seattle, vous vous êtes sans doute déjà fait une raison : les dernières années ne vous donnent guère d’arguments valables pour faire preuve d’une excitation démesurée ce jeudi. À Seattle, trois joueurs n’ont pas joué la moindre minute et David Estrada est le joueur le plus utilisé ces 5 dernières saisons avec 3% de temps de jeu à sa première année. Le topo est similaire à Salt Lake, à l’exception de 2010 où Collen Warner a joué 16% du temps. Le cas des pensionnaires de l’Utah est d’autant plus intéressant que le club est reconnu pour la confiance qu’il accorde aux jeunes. Si celle-ci est avérée, de toute évidence, cela ne se fait pas au travers du SuperDraft. Notons également que Houston, San José et Vancouver n’ont eu aucun joueur dépassant les 50% de temps de jeu lors de sa première saison. Ça n’a pas empêché ces clubs d’aller chercher l’un ou l’autre très bon élément, mais leurs supporters ne s’attendent probablement pas à voir un sauveur immédiat débarquer ce jeudi.


Il y aussi quelques tendances dans le type de joueur choisi par certains clubs. DC United a notamment recruté trois défenseurs, un médian défensif et donc un seul joueur offensif. La tendance est totalement inverse à Kansas City, qui a sélectionné quatre attaquants et un seul milieu de terrain. Vancouver (en quatre ans) a d’abord choisi trois attaquants de suite avant de se rabattre sur un défenseur l’an dernier. Quant à Philadelphie, il a été chercher trois attaquants et deux gardiens, mais rien entre les deux. Toutes ces tendances seront-elles respectées en 2015 ? Première réponse ce jeudi, et ensuite à la fin de la saison.

CLUB
2010
2011
2012
2013
2014
Chicago
Corben Bone (M)
<strong>Jalil Anibaba (D)</strong>
<strong>Austin Berry (D)</strong>
Y. Atouba Emane (A)
<em>Marco Franco (D)</em>
Chivas USA
<strong>Blair Gavin (M)</strong>
<strong>Zarek Valentin (D)</strong>
C. Townsend (A)
<strong>Carlos Alvarez (M)</strong>
T. McNamara (M)
Colorado
Andre Akpan (A)
Eddie Abadio (D)
<strong>Tony Cascio (M)</strong>
<strong>Deshorn Brown (A)</strong>
M. Hairston (M)
Columbus
Dilly Duka (M)
<strong>Rich Balchan (D)</strong>
Ethan Finlay (A)
Ryan Finley (A)
<em>Ben Sweat (D)</em>
Dallas
<strong>Zach Loyd (M)</strong>
Bobbie Warshaw (D)
<strong>Matt Hedges (D)</strong>
W. Zimmerman (D)
<strong>T. Akindele (A)</strong>
DC United
<strong>Jordan Graye (D)</strong>
<strong>Perry Kitchen (M)</strong>
<strong>Nick DeLeon (M)</strong>
Taylor Kemp (D)
<strong>S. Birnbaum (D)</strong>
Houston
<em>David Walker (M)</em>
Kofi Sarkodie (D)
<em>Colin Rolfe (A)</em>
Jason Johnson (A)
AJ Cochran (D)
Kansas City
<strong>Teal Bunbury (A)</strong>
<strong>CJ Sapong (A)</strong>
Dom Dwyer (A)
<em>Mikey Lopez (M)</em>
<em>Adnan Gabeljic (A)</em>
LA Galaxy
<strong>M. Stephens (M)</strong>
Paolo Cardozo (M)
Tommy Meyer (D)
Charlie Rugg (A)
<em>Kyle Venter (D)</em>
Montr&eacute;al
/
/
A. Wenger (A)
Blake Smith (M)
<strong>Eric Miller (D)</strong>
New England
Z. Schilawski (A)
<strong>AJ Soares (D)</strong>
<strong>Kelyn Rowe (M)</strong>
<strong>Andrew Farrell (D)</strong>
Steve Neumann (M)
New York
<strong>Tony Tchani (M)</strong>
Corey Hertzog (A)
<strong>Ryan Meara (G)</strong>
<em>Ian Christianson (M)</em>
Chris Duvall (D)
Philadelphie
<strong>D. Mwanga (A)</strong>
Zac MacMath (G)
C. Hoffman (A)
Don Anding (A)
Andr&eacute; Blake (G)
Portland
/
<strong>D. Nagbe (M)</strong>
A. J.-Baptiste (D)
<em>Tucker-Gangnes (D</em>)
<em>Schillo Tshuma (A)</em>
Salt Lake
Collen Warner (M)
<em>Jarad vanSchaik (M)</em>
<em>Enzo Martinez (M)</em>
John Stertzer (M)
<em>Ryan Neil (D)</em>
San Jos&eacute;
Ike Opara (D)
Ampaipitakwong (M)
Sam Garza (A)
<em>Tommy Muller (D)</em>
JJ Koval (M)
Seattle
David Estrada (A)
<em>Michael Tetteh (M)</em>
<em>Andrew Duran (D)</em>
Eriq Zavaleta (A)
<em>Damion Lowe (D)</em>
Toronto
<em>Zac Herold (D)</em>
D. Omphroy (D)
<strong>Luis Silva (M)</strong>
Kyle Bekker (M)
<strong>Nick Hagglund (D)</strong>
Vancouver
/
Omar Salgado (A)
D. Mattocks (A)
Kekuta Manneh (A)
Christian Dean (D)

Joueurs ayant dépassé les 50% de temps de jeu
Joueurs n'ayant pas joué une seule minute