Une volonté de progrès évidente

Ignacio Piatti - Hugs - Dominic Oduro - Montreal Impact

À peine 38 heures après avoir quitté BMO Field au bord des larmes, Montréal tenait déjà son bilan de saison. La première partie du bilan en fait, lors de laquelle l’entraîneur et les joueurs se sont exprimés. Les dirigeants, ce sera pour vendredi prochain.


On sentait clairement dans l’attitude et les discours que les têtes étaient encore en partie à Toronto. La concentration était bien plus présente que le recul. Plus que la déception, la volonté de faire mieux ressortait toutefois des déclarations de chacun. Et on comprend déjà que quand tout le monde aura un peu plus de recul, cette envie, elle, sera encore bien présente.


GROSSES AMBITIONS POUR 2017

Les propos de Mauro Biello, premier à s’exprimer, balisaient déjà cette tendance : « On voulait aller plus loin et on en était capable. En repensant au match, on les avait mis dans les cordes et je trouve difficile qu’on ne soit pas arrivé à donner le coup qui les aurait mis définitivement KO. Je suis content de ce qu’on a accompli et d’où on veut aller dans le futur. » Et quand Biello parle de sa situation personnelle, les progrès, tant les siens que ceux de l’équipe, sont encore au cœur de ses mots : « Il y a toujours des choses à apprendre dans ce métier, je dois grandir de toutes ces expériences, ça fait partie de mon travail. Oui, on est content de nos quatre victoires en phase finale, dont deux sur le terrain de très bonnes équipes, mais maintenant on doit apprendre à aller jusqu’à la fin. Le club est très ambitieux, sa philosophie est de gagner. »


Il semble loin le temps où les joueurs ne semblaient pas sur la même longueur d’ondes que leur entraîneur lors des bilans de fin de saison à Montréal. Et donc, tous ont d’une manière ou d’une autre parlé des progrès à accomplir. Généralement, sous le maillot des bleu-blanc-noir. À commencer par Ignacio Piatti, qui a rapidement écarté l’hypothèse d’un départ. « On a tout laissé sur le terrain. On est content de tout ce qu’on a fait. C’est une bonne chose pour revenir plus fort et gagner l’année prochaine, a expliqué l’Argentin. On a parlé avec Joey et Mauro : je serai ici l’année prochaine, avec l’objectif de revenir meilleur que cette année. »


Évidemment, échouer de peu donne envie de recommencer si on pense qu’on peut réussir. Une mentalité que partagent beaucoup de sportifs. Mais la façon dont Piatti explique sa métamorphose cette saison illustre aussi cette envie de rester et de réessayer. « Je suis bien dans le groupe, on est bien tous ensemble. Je suis venu ici pour gagner. On est passé proche en Ligue des champions. Je me sens bien et c’est ce qui aide à mettre en place les choses sur le terrain. C’est peut-être ça qui a changé des choses dans ma tête. Je me suis mis en tête que quand le ballon serait devant, j’irais marquer », a-t-il déclaré en répondant à une question sur sa plus grande implication défensive cette année.


« JE VEUX RESTER ! » « MOI AUSSI ! »

Autre bel exemple dans la volonté de s’améliorer, Hassoun Camara, titulaire de longue date qui, suite à des blessures, avait perdu sa place en début de saison. « Dans le sport de haut niveau, on se remet tout le temps en cause tant en gagnant qu’en perdant. J’ai beaucoup appris en étant blessé », racontait le défenseur, avant d’enchaîner : « Ce groupe expérimenté est dans le bon âge pour vivre un, deux ou trois grands moments en MLS. Dans nos discussions en privé, avec Drogba ou Nacho, il y a la promesse de faire mieux l’année prochaine. »


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Vous en voulez d’autres ? En voici, en vrac… Patrice Bernier : « Mes intentions sont de jouer une autre année. Avec le club, on s’est entendu qu’on en parlerait à la fin de la saison, ce qui va arriver bientôt avec Mauro et Adam (Braz, le directeur technique). » Dominic Oduro : « Je veux être là la saison prochaine. Avec Matteo et Nacho, ça clique devant. L’équipe construite depuis la saison dernière, la façon dont on va de l’avant… je veux en faire partie. Et Montréal est un endroit agréable. » Matteo Mancosu : « J’ai envie d’être là l’an prochain, je dois trouver un accord avec le club maintenant. J’aime beaucoup ce championnat, le club et cette expérience, et donc oui j’aimerais rester plutôt que retourner en Italie. » Ambroise Oyongo, qui n’a par ailleurs pas caché ses ambitions : « J’ai encore un an de contrat, il faut le respecter et je pense à rester. Je suis content de ce qui s’est passé avec cette équipe, on avait un groupe formidable et c’est ce qui nous a aidés à aller aussi loin cette saison. » Même la plupart des joueurs sur le banc ont, pour la plupart, davantage parlé d’améliorer leur situation à Montréal que de partir.


DROGBA : « LA MLS, UNE EXPÉRIENCE QUI ENRICHIRA MA VIE »

Le seul pour qui l’avenir sous d’autre cieux ne fait aucun doute est Didier Drogba, dont le départ avait déjà été officiellement annoncé le mois dernier. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il manquera à ses coéquipiers. Morceaux choisis. Hassoun Camara : « Je ne pense pas que quelqu’un dans le vestiaire dirait du mal de Didier. Il a une stature internationale et une humilité incroyable. Si on a passé de grands moments, c’est grâce à cela. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à lui. » Ambroise Oyongo : « Pour moi, Didier est un grand frère magnifique de qui j’ai beaucoup appris, sur le terrain ou en dehors. Tant en équipe nationale qu’à New York, j’ai côtoyé de grands joueurs, mais ce que m’a apporté Didier me permettra plus tard d’apprendre aux plus jeunes ce qu’il faut faire pour grandir et être plus performant. »


Où qu’il soit en 2017, Drogba sera sorti grandi de son expérience en MLS. Il l’a bien expliqué lui-même lors de ce bilan. « La MLS m’a mis en dehors de ma zone de confort. Il y avait des attentes de tout le monde. C’est pour ça que je suis si fier de ce que j’ai fait ici. J’espère avoir inspiré des gens. Apprendre dans un autre championnat, sur un continent qui a une approche du football différente, et vivre ça au quotidien un an et demi, c’est une expérience enrichissante. Ce que j’ai appris ici ne me servira pas que dans le football mais aussi dans la vie de tous les jours. »


Juste avant son départ et après quasiment une saison et demie en MLS, il a aussi désormais le recul pour donner son impression à propos de notre championnat. Un avis clair : « En Europe, on joue au football ; ici, on joue au soccer. Il y a l’envie de faire du football à l’Européenne… avec des règles en place qui ne le permettent pas. Un joueur ne peut pas être transféré d’un club à un autre comme ça. Le système d’échanges nivelle le tout. Il n’y a pas d’écart entre les clubs. Surtout, aucune équipe ne monte et ne descend. Une équipe qui fait une mauvaise saison peut remporter la saison ! Ça ne récompense pas l’équipe la plus régulière de la saison. C’est spectaculaire mais le niveau s’en ressent par rapport à l’Europe, où il y a la Coupe d’Europe et les Coupes nationales, mais où le championnat reflète la qualité d’une équipe sur la durée. »


Une opinion qu’il n’est pas le premier à exprimer. Ne nous méprenons pas : il ne crache pas sur le système, loin de là. Comme d’autres joueurs avant lui (on en reparlera sûrement), il exprime le fait qu’il faut de l’enjeu dans tous les matches du championnat et qu’à cette fin, il devrait y avoir davantage de conséquences pour les équipes les plus fortes et les plus faibles d’un bout à l’autre de la saison. Ce qui ne ferait qu’augmenter le niveau en MLS… et, finalement, cadre bien avec la volonté de progrès qui fut le leitmotiv de tout ce bilan de saison montréalais.