Les défis de Montagliani

Victor Montagliani - CONCACAF - CSA

Hier matin, Victor Montagliani a été élu président de la Concacaf. Le troisième en un an, le premier Canadien dans l’histoire de cette confédération. Le sixième depuis 2011, année où Jack Warner est tombé suite à une affaire de corruption. Avant Warner, élu en 1990, seuls deux hommes avaient présidé la Concacaf, fondée en 1961. Ce bref historique teinte le programme et les défis de l'actuel président de l’Association canadienne de soccer (ACS), qui tournent autour des concepts de crédibilité, de stabilité et de modernité. Mais que promet-il concrètement ?


Une de ses missions premières est de redorer le blason de la Concacaf. Dès lors, durant sa campagne, Montagliani a parlé de gouvernance, de transparence, de mise en place de réformes, de pratiques commerciales déontologiques et de l’obligation de rendre des comptes. Les premières actions concrètes seront de concrétiser les réformes votées plus tôt cette année.


L’actuel numéro un du soccer canadien peut continuer de combiner les deux fonctions pendant un an, après quoi il devra se consacrer pleinement à la Concacaf. Il dit que son mandat à Ottawa va servir d’inspiration à ses actions sur la scène continentale. Il a répété être un président de dialogue et souhaite davantage de rencontres et d’échanges d’idées entre les divers présidents et secrétaires généraux des fédérations nationales membres.


L’homogénéisation revient également souvent au centre de son discours. Notamment dans tout ce qui est commercial, marketing et promotion. Mais il veut aussi développer les aspects technologiques et, par exemple, standardiser les sites Internet des 41 fédérations nationales. Une idée, soit dit en passant, qu’il aurait déjà pu essayer de mettre en œuvre avec les associations provinciales durant son mandat canadien entamé il y a quatre ans.


Être réunis tous ensemble, c’est aussi un message qu’il passe aux entraîneurs, arbitres et dirigeants de la confédération. Ainsi, Montagliani promet d’organiser des stages pour former le personnel dans les domaines du marketing et de l’événementiel. Il veut aussi unir les forces de la région pour créer des centres d’excellence où donner des formations aux entraîneurs et aux arbitres. Il n’a pas non plus oublié les infrastructures, puisqu’il a promis un programme permettant à chaque pays des Caraïbes et d’Amérique centrale de recevoir un terrain synthétique éclairé d’ici 2026.


Même si Larry Mussenden, le candidat battu, venait des Bermudes et, donc, de la zone Caraïbes (géographiquement, les Bermudes sont en Amérique du Nord, mais sportivement, elles font partie de la zone Caraïbes de la Concacaf), Montagliani a su séduire cette région. Il a en effet promis que la Concacaf contribuera à la mise sur pied d’un championnat des Caraïbes, mais aussi d’un championnat du Canada, qui doivent servir de solutions pour offrir « un meilleur accès à un environnement professionnel Â». Il assure également que l’organisation continentale doit jouer un rôle dans l’accroissement du nombre de joueuses dans les pays où le soccer féminin ne compte pas autant de participantes qu’aux États-Unis ou au Canada.


Le nouveau président souhaite aussi que toutes les compétitions continentales soient analysées de fond en comble, afin de voir comment elles pourraient être améliorées, sportivement bien entendu, mais surtout commercialement. Les principales d’entre elles sont la Gold Cup et la Ligue des champions, mais il y a aussi toutes les compétitions féminines et celles pour les équipes d’âge.


Ainsi, la Gold Cup, actuellement disputée par 12 pays, pourrait bientôt compter 16 participants. Une analyse des coûts et des bénéfices que cela engendrerait devrait être effectuée sous peu. L’organisation du tournoi tous les deux ans sera aussi remise en question. Quelques réponses tomberont certainement dans les prochaines semaines à l’occasion de la Copa America du centenaire. En effet, Montagliani souhaite trouver des façons de s’associer à la Conmebol (confédération d’Amérique du Sud), et cette première véritable Coupe des Amériques pourrait faire office de prémices à une collaboration accrue.


Si des rumeurs de compétition de clubs réunissant des formations du Canada à la Terre de Feu sont encore d’actualité, c’est sur la Ligue des champions actuelle que Montagliani souhaite se pencher. Il veut qu’elle soit aussi compétitive que possible, et a même déclaré qu’à terme, elle pourrait atteindre le niveau de la Copa Libertadores. À cette fin, il tient à ce que tous les participants soient parfaitement en jambes aux moments cruciaux (et, donc, à régler le problème des clubs de MLS dont la saison commence à peine au moment des quarts de finale de la Ligue des champions) mais aussi à donner les moyens à davantage de pays d’offrir une opposition relevée.


Enfin, la Coupe du monde 2026 constituera le gros dossier des années à venir. Le Mexique a déjà affirmé qu’il serait candidat à son organisation. Les États-Unis ne cachent pas leur intérêt non plus, alors que le Canada a déjà fait une déclaration d’intention. S’il y a de fortes chances qu’une nation de la Concacaf accueille le gratin mondial en 2026 - même si un pays d’Afrique pourrait venir lui damer le pion - Montagliani souhaite une pleine collaboration entre les pays intéressés pour s’assurer que le plus grand évènement sportif de la planète ait lieu dans notre coin du monde dans dix ans.