Saison 2016 : les forces en présence

Supporters' Shield on display at CenturyLink Field

La saison de Major League Soccer commence ce dimanche, avec les dix rencontres de la première journĂ©e de championnat au programme le mĂªme jour. Comme de coutume Ă  quelques heures du coup d’envoi, c’est l’heure des pronostics et du tour d’horizon des forces en prĂ©sence. Cliquez sur le nom d’un club pour en voir un portrait d’ensemble, et ne manquez pas non plus le baromètre de dĂ©but de saison de MLSsoccer.com, la liste complète des transferts, et les noyaux de chacune des Ă©quipes.


LES FAVORIS

Finaliste de la dernière Coupe MLS, Columbus est en progrès continus depuis deux ans, et le jeu dĂ©veloppĂ© en fin de saison dernière en a sĂ©duit plus d’un. Si l’équipe Ă©volue au mĂªme niveau toute l’annĂ©e, elle a de sĂ©rieuses chances de ramener le Supporters Shield Ă  la maison cet automne. D’autant que le onze de base n’a pas changĂ© d’un iota et que le club a Ă©tĂ© chercher quelques renforts. Les joueurs devront gĂ©rer la pression Ă  la fois due aux attentes Ă  leur Ă©gard et Ă  la concurrence dans le vestiaire.


Premier du classement gĂ©nĂ©ral Ă  l’issue de la saison rĂ©gulière 2015, New York gardera le mĂªme visage offensif qui lui avait permis, sans grande vedette, d’avoir la meilleure attaque du championnat. C’est derrière que ça risque de se gĂ¢ter, avec le dĂ©part de Miazga Ă  Chelsea et la blessure de Perrinelle, son compère en dĂ©fense centrale. Robles sera sĂ»rement beaucoup sollicitĂ©. Le club a Ă©galement peu transfĂ©rĂ©, ajoutant une plĂ©thore de jeunes Ă  son noyau pour compenser les dĂ©parts. Sera-ce suffisant pour tenir la route sur toute une saison ?


Ă€ Ă©galitĂ© de points avec New York l’an dernier, Dallas est le grand favori de nombreux observateurs cette saison. Pour cela, il faudra que les jeunes confirment leur belle annĂ©e 2015, ce qui n’est pas forcĂ©ment gagnĂ© d’avance. Ils auront besoin dâ€™Ăªtre bien entourĂ©s par les quelques anciens autour d’eux. DĂ©positaire du jeu des Texans, Diaz pourrait s’affirmer comme une des vedettes de la compĂ©tition. La rĂ©ussite offensive dĂ©pendra peut-Ăªtre de la production d’Urruti, venu de Portland. Autre arrivĂ©e intĂ©ressante, le jeune mĂ©dian international Ă©quatorien Gruezo.


LES PRÉTENDANTS SÉRIEUX

Ogre pour certains, mirage pour d’autres, le LA Galaxy regorge de talent : Keane, Dos Santos et Gerrard ont Ă©tĂ© rejoints par De Jong, Cole et Van Damme qui ont les qualitĂ©s nĂ©cessaires Ă  corriger les problèmes dĂ©fensifs auxquels l’équipe a fait face l’an dernier. Les dĂ©parts de Gonzalez et Juninho semblent bien compensĂ©s. Il faudra toutefois que les automatismes s’installent et que chacun trouve sa place sur le terrain pour crĂ©er un collectif homogène. Sans oublier que l’Euro et la Copa America vont mettre les remplaçants Ă  contribution, mais avec des Magee et autre Gordon, l’équipe est bien parĂ©e.


DĂ©tenteur de la Coupe MLS, Portland est un favori Ă©vident pour certains alors que d’autres se fient davantage Ă  sa saison rĂ©gulière 2015 en dents de scie et se montrent plus prudents. Ses adversaires, eux, l’attendent au tournant et la pression sera très forte. Qui marquera les buts ? Adi sera-t-il rĂ©gulier comme lors de la phase finale ? Comment rĂ©agiront les champions de 2015 quand ils seront Ă©cartĂ©s au profit d’un nouveau ? Les dĂ©parts de Villafaña et de Wallace risquent de faire mal mĂªme si Klute et Valentin ont du potentiel et Melano s’est adaptĂ© après une demi-saison en MLS. Quand ça ira moins bien, Nagbe, Valeri ou une autre individualitĂ© devra arriver Ă  changer le cours du match.


L’an dernier, c’était Dallas. Cette saison, Vancouver est pointĂ© par bien des observateurs comme la surprise Ă  venir… mĂªme si finalement presque tout le monde l’attend. L’équipe a Ă©tĂ© construite patiemment. MalgrĂ© les dĂ©parts de Beitashour et de Koffie, la meilleure dĂ©fense de la saison dernière inspire confiance. Le jeu de l’équipe est prudent et elle a souvent manquĂ© d’efficacitĂ© offensive : les arrivĂ©es de Bolaños, Kudo et Perez doivent y remĂ©dier. Les jeunes du club trouvent leur place et sont prĂªts Ă  parer les absences. Reste Ă  Carl Robinson Ă  trouver la bonne formule.


LES VALEURS SÛRES

Dans l’absolu, Toronto devrait Ăªtre dans une des deux premières catĂ©gories. Il n’a perdu aucun des dĂ©positaires de son jeu, Giovinco, Altidore et Bradley, et s’est renforcĂ© stratĂ©giquement pour pallier ses principales faiblesses, particulièrement dĂ©fensives, en engageant notamment Moor, Beitashour et Will Johnson. NĂ©anmoins, beaucoup d’impondĂ©rables pourraient venir perturber l’équipe : huit dĂ©placements consĂ©cutifs pour commencer la saison, un terrain dont la qualitĂ© n’est pas garantie et l’absence de ses vedettes durant l’Euro et la Copa America. Le banc semble encore lĂ©ger. De quoi revoir les ambitions Ă  la baisse tout en finissant aisĂ©ment au-dessus de la ligne rouge.


La bataille entre les trois clubs canadiens s’annonce serrée, car Montréal affiche également des prétentions légitimes, motivées par sa fin de saison 2015 en boulet de canon. Certes, Drogba ne jouera pas sur synthétique, mais s’il dispute la moitié des rencontres, ce sera déjà plus que l’an dernier. C’est ailleurs qu’il faudra trouver la bonne animation pour arriver à jouer aussi bien avec que sans lui. Et rien ne dit que le club n’embrigade pas déjà son successeur cet été. Rien n’a changé dans le compartiment défensif, alors que l’arrivée de Shipp devrait offrir davantage de bonnes passes de finition.


Regorgeant d’ambition, Seattle est cette fois en reconstruction. Le départ de Martins, dont l’équipe était bien trop dépendante, a de quoi susciter de grosses inquiétudes. Mais les rencontres de Ligue des champions ont montré que les pièces se mettaient en place très rapidement. Il faut dire que Valdez, Friberg et Ivanschitz ont déjà leur demi-saison d’adaptation dans le corps alors que Dempsey s’habitue bien à son nouveau rôle. La pression est forte sur le jeune Morris, envers qui les attentes sont énormes. Il ne serait pas surprenant de voir un autre joueur important grossir les rangs du club en cours de saison.


LE VENTRE MOU DE L’EST

Pour sa deuxième saison dans la compĂ©tition, Orlando a pour objectif de progresser… et quand on finit juste en-dessous de la ligne rouge, cela signifie qu’il faut cette fois terminer au-dessus. La placiditĂ© dans la gestion d’Adrian Heath est un gage de stabilitĂ©, et on parle de retouches plutĂ´t que de rĂ©volution : les amĂ©liorations passeront par l’arrivĂ©e du gardien Bendik, le retour de blessure du mĂ©dian droit Molino, et l’arrivĂ©e de Nocerino qui traduit une volontĂ© de jouer dans le camp adverse. Cela permettra Ă  Kaka d’épauler davantage Larin et de lui Ă´ter une partie de la pression inhĂ©rente Ă  la difficile saison de la confirmation.


Deuxième saison aussi mais portrait diffĂ©rent Ă  New York City, qui part sur de nouvelles bases avec l’arrivĂ©e de Patrick Vieira au poste d’entraĂ®neur. Son passĂ© en Angleterre devrait lui Ă©viter la dĂ©convenue rencontrĂ©e par d’autres entraĂ®neurs europĂ©ens qui n’ont pas su gĂ©rer l’absence de trĂªve en MLS. Son approche de la taille du terrain du Yankee Stadium et du rĂ´le de Pirlo sera peut-Ăªtre une des clefs de la rĂ©ussite de son Ă©quipe, mais il doit aussi dĂ©velopper un jeu collectif (qui a fait bonne impression durant la prĂ©paration). Lampard doit Ă©lever son niveau, Brillant aider une dĂ©fense chancelante et Matarrita confirmer tout son potentiel sur le flanc gauche.


Alors que bien des observateurs ne juraient que par New England il y a exactement douze mois, l’équipe a disputĂ© une saison 2015 moyenne. En outre, elle doit dĂ©sormais composer sans Jermaine Jones, qui l’avait tirĂ©e vers le haut il y a deux ans. Il y aura quand mĂªme de la stabilitĂ© dans l’entrejeu avec l’arrivĂ©e de Koffie, mais moins d’expĂ©rience. Les jeunes sont plus mĂ»rs mais certains moins flamboyants. Nguyen, Fagundez et Agudelo doivent prouver qu’ils ont tout le potentiel qu’on voyait en eux et non qu’ils sont « simplement de bons joueurs de MLS, sans plus Â».


Après une mauvaise deuxième moitié de saison 2015, DC United doit corriger le tir mais son handicap s’est alourdi avec l’envol de Kitchen pour l’Écosse et la blessure d’Hamid qui pourrait lui faire manquer toute la saison ou presque, sans oublier le départ de Pontius qui fait perdre un peu de créativité. Pour remonter la pente, Ben Olsen a retenté le coup d’il y a deux ans en recrutant en MLS (Nyarko, Neagle, Sarvas). Néanmoins, une saison réussie passe par une défense qui retrouve ses sensations de 2014, Saborio et Espindola à leur meilleur niveau, et un apport rapide des renforts venus d’ailleurs Acosta et Horton.


LE VENTRE MOU DANS L’OUEST

Si Kansas City n’est pas dans les valeurs sĂ»res, il n’en est pas loin et semble largement devant les autres membres de la prĂ©sente catĂ©gorie. Ce qui signifierait qu’en pratique, il se qualifierait aisĂ©ment pour la phase finale, mais terminerait sixième de sa confĂ©rence. L’équipe a rĂ©alisĂ© le coup fumant de l’hiver dans les transferts entre clubs de MLS en attirant le roi de la passe dĂ©cisive, Brad Davis. Mapp est aussi venu renforcer un entrejeu surpeuplĂ©, qui ne manque pas de crĂ©ativitĂ©, mais a peu de solutions devant oĂ¹ Dwyer est orphelin de Nemeth. Rubio, qui vient d’arriver, doit lui prĂªter main forte. Deux autres inconnues Ă  ajouter Ă  l’équation : la malchance, qui n’a pas Ă©pargnĂ© l’équipe l’an dernier, et les performances des jeunes qui ont tenu la baraque en 2015.


Personne ne donne cher de la peau de San JosĂ©, mais avant le rĂ©veil des tĂ©nors, l’équipe avait Ă©tĂ© compĂ©titive pendant près des deux tiers de la saison dernière. Reste Ă  savoir si elle a fait le nĂ©cessaire pour dĂ©passer un de ses concurrents, qui semblent encore tous mieux armĂ©s. Amarikwa, Godoy, Goodson, Bernardez, Wondolowski, Innoncent, Imperiale, Bingham, etc. : les vedettes sont rares, mais si chacun joue Ă  son meilleur niveau, les Californiens peuvent jouer les trouble-fĂªte. Reste que la combativitĂ© et le « style Kinnear Â», ça fait un peu lĂ©ger comme arguments pour prĂ©tendre Ă  mieux.


MalgrĂ© l’élimination, la Ligue des champions a eu une vertu pour Salt Lake : enrayer le pessimisme ambiant autour de l’équipe. IncapacitĂ© de s’adapter au style voulu par Jeff Cassar, dĂ©fense centrale pas toujours fiable, inefficacitĂ© offensive, Ă©quipe vieillissante, joueurs fragiles, fins de match difficiles : pas de quoi pavoiser avec tout ça, en effet. L’arrivĂ©e de Movsisyan, les coups d’éclat de Plata et Martinez, le gĂ©nie de Morales vont rendre l’équipe agrĂ©able Ă  regarder quand tout le monde sera en forme. Elle jouera certainement les arbitres, mais sur le long terme, ça s’annonce dur.


LES LAISSÉS POUR COMPTE

Depuis quelques annĂ©es, la question ne semble mĂªme plus se poser Ă  l’heure des pronostics, Colorado est systĂ©matiquement renvoyĂ© au fond de la classe tel le mal aimĂ© de l’instituteur. Certes, l’équipe part de loin. Elle a quand mĂªme montrĂ© en deuxième moitiĂ© de saison dernière qu’elle avait certaines bases dĂ©fensives. PassĂ©s Ă  cĂ´tĂ© de leur sujet, certains jeunes pourraient se rapprocher de leur niveau de 2014. Et Gashi pourrait Ăªtre le buteur qui faisait tant dĂ©faut. Insuffisant pour jouer dans la cour des grands, mais pas pour Ăªtre plus compĂ©titif que l’an dernier.


Le mystère semble total autour de Chicago, qui part de tellement loin qu’il pourra de toute façon difficilement faire pire que l’an dernier. La prĂ©paration s’est très bien passĂ©e, l’entraĂ®neur Paunovic semble laisser une bonne première impression, mais il faut confirmer quand ça compte et c’est loin dâ€™Ăªtre gagnĂ© tant l’équipe a des allures de dĂ©butante en MLS. Longtemps habituĂ©s de voir leurs favoris jouer les premiers rĂ´les, les supporters ont mal digĂ©rĂ© le dĂ©part de Shipp et pourraient s’impatienter rapidement.


Le grand mĂ©nage a eu lieu Ă  Philadelphie. Une fois de plus, rĂ©pondront les sceptiques… qui n’ont pas tout Ă  fait tort. LĂ  aussi, il y a des allures d’an 1, mais il faut dire qu’Earnie Stewart a engendrĂ© un grand chantier. Il y eut beaucoup d’arrivĂ©es, dont le prometteur Ilsinho, mais pas de noms connus et cette campagne de transferts devra Ăªtre aussi efficace que discrète pour porter fruit rapidement. Les idĂ©es semblent dĂ©jĂ  rivĂ©es sur 2017, et pour Ăªtre de la partie, Jim Curtin a intĂ©rĂªt Ă  vite avoir la mĂªme vision que son directeur sportif.


Houston sans Brad Davis, c’est un peu comme Manchester United sans Alex Ferguson : ça fait bizarre. En peu de temps, le club est passĂ© de double finaliste de la Coupe MLS Ă  Ă©quipe fragmentĂ©e dont on ne sait trop que dire. Tout semble reposer sur les talents offensifs que sont Torres, Bruin et Barnes. Les ajouts de Maidana et Wenger n’apportent que peu de garanties. Après une saison d’apprentissage, Owen Coyle doit tout de suite passer Ă  la vitesse supĂ©rieure, mais Ă  première vue les oranges seront plus amères que sanguines cette saison.