Rio 2016 : le Canada et les États-Unis étaient les moins expérimentés

Michael Petrasso - Luis Gil - Wil Trapp - United States - Canada - Olympic qualifying

Les éliminatoires des jeux Olympiques 2016 viennent de prendre fin dans la zone Concacaf. Verdict : le Mexique, vainqueur, et le Honduras, battu 2-0 en finale, prendront la direction de Rio l’été prochain. Les États-Unis, troisièmes, auront droit à une séance de repêchage contre la Colombie avec un billet à la clef. Le Canada, quatrième, est éliminé.


Dans l’émission Coup Franc du 6 octobre, nous parlions de l’expérience des joueurs alignés en équipe nationale espoirs lors de cette compétition. S’en faire une idée, c’est bien, vérifier des faits, c’est mieux. Voilà donc le bagage qu’ont les 11 éléments les plus alignés de chacune des équipes du top 4.


Coïncidence ou non, le Mexique, vainqueur, avait également les joueurs les plus expérimentés. Son onze de base des éliminatoires comptait près de 38 000 minutes de jeu en D1 au compteur (presque toutes au Mexique, une petite portion en MLS). Tout le monde y a déjà joué, et ça se limite à sa plus simple expression pour seulement deux joueurs, Guzman et le gardien Lajud. Deux autres, Bueno et Aguirre (qui n’a toutefois que 18 ans), sont la plupart du temps sur le banc. Sinon, ils sont tous régulièrement titulaires en championnat, la plupart depuis la saison 14/15 (Lopez, Gutierrez, Silva et Lozano). Pizarro était déjà incontournable à Pachuca un an plus tôt : malgré ses 20 ans, il est le deuxième joueur le plus expérimenté de l’équipe derrière Torres, l’attaquant de Houston. Autre visage connu en MLS : Salcedo, qui avant de partir pour Guadalajara où il joue régulièrement depuis la saison 14/15, avait effectué à 19 ans ses débuts à Salt Lake où il était titulaire environ un match sur trois. Ajoutez à cela que quatre de ces onze joueurs comptent au moins une sélection en équipe nationale A.


Les joueurs du Honduras n’étaient pas dépourvus d’expérience non plus. Toute acquise dans leur championnat national. Certains pinailleront sur le niveau de celui-ci mais le pays était, lui, qualifié pour la dernière Coupe du monde, où la moitié de son effectif provenait de sa compétition domestique. Les 11 joueurs les plus souvent utilisés de l’équipe espoirs y comptent près de 30 000 minutes dans les jambes, et un seul n’a encore aucune expérience à ce niveau, Pereira. Ils sont emmenés par les internationaux A Lopez (troisième gardien à la Coupe du monde 2014) et Acosta, de loin ceux ayant le plus de bouteille. Le jeune prodige de 19 ans Elis a également déjà joué en équipe nationale. Les deux premiers cités sont titulaires dans leur club depuis la saison 13/14, tout comme Espinal et Alvarez. Les six autres sont remplaçants la plupart du temps, mais quelques-uns commencent environ un match sur trois.


Le temps de jeu diminue sérieusement quand on regarde l’équipe espoirs des États-Unis, avec environ 23 000 minutes d’expérience en championnat pour les 11 éléments les plus souvent sur le terrain lors des éliminatoires des JO. D’autant que Gil, titulaire lors d’un match sur deux à Salt Lake depuis 2011 (et presque tout le temps en 2013) monopolise plus du tiers de ce temps à lui tout seul. Titulaires indiscutables en MLS depuis 2014 ou mi-2013, Trapp, Miazga et Serna sont également expérimentés. Polster et Horvath (le gardien du club norvégien de Molde) ont gagné leurs galons de titulaires cette saison. Hyndman a un peu joué à Fulham en D2 anglaise. Kiesewetter (à Stuttgart) et Okwuonu se sont limités à des bribes de match. On ne tiendra pas rigueur à Carter-Wickers, du haut de ses 17 ans, de ne pas avoir encore joué la moindre minute en équipe première à Tottenham. Enfin, même s’il n’a pas encore goûté au plus haut niveau, Morris a déjà été appelé en équipe nationale A par Jürgen Klinsmann, qui a également déjà inclus Gil, Trapp et Hyndman dans ses innombrables tests. Par rapport aux deux finalistes, on voit donc un plus grand éparpillement des joueurs, et moins de temps de jeu, même si on y ajoute celui d’Alashe, qui a un peu moins joué que les 11 autres durant le tournoi.


Quand on arrive au Canada, c’est le crash. Total. Les onze joueurs les plus régulièrement sur le terrain lors des éliminatoires des JO n’ont même pas 3000 minutes d’expérience de haut niveau en club. Et encore, ce total est très généreux, car il compte tout le temps de jeu de Petrasso en D3 anglaise, et les quelques rencontres de Gasparotto en D2 écossaise (il a souvent joué en D3 aussi, mais ça devient vraiment trop faible pour rentrer dans l’équation). Derrière eux, Jackson-Hamel et Gagnon-Laparé, rarement dans les 18 avec Montréal, sont les plus expérimentés, ce qui en dit très long. Piette a à peine vu le terrain en D2 allemande et en D3 espagnole, Clarke a joué un quart d’heure avec Vancouver en 2012. Les autres (comme la plupart des joueurs précités d’ailleurs) passent le plus clair de leur temps en équipe réserve ou dans une division inférieure canado-américaine. Gagnon-Laparé, Clarke, Piette et Mannella comptent quelques sélections en équipe nationale A, et certains autres ont aussi été convoqués par Benito Floro sans toutefois jouer. Un dernier chiffre qui fait mal pour terminer : quand on additionne l’expérience de ces onze Canadiens, on retrouve deux Américains, trois Honduriens et cinq Mexicains qui, à eux tout seuls, en ont déjà davantage…