Un duel États-Unis - Mexique qui s’annonce historique

Javier Chicharito Hernandez vs. Kyle Beckerman - Mexico vs. USA - 2013 Hexagonal - Crew Stadium

Cette semaine est consacrée quasiment dans son intégralité aux équipes nationales (seules trois rencontres de MLS sont au programme, deux ont été jouées mercredi, l’autre le sera demain) et dans notre partie du monde, tous les yeux ou presque sont rivés sur le duel qui opposera le Mexique aux États-Unis ce samedi à 21h00 (HE) au Rose Bowl de Pasadena, célèbre pour avoir accueilli la finale de la Coupe du monde 1994.


L’ENJEU

Une place en Coupe des confédérations, tournoi qui oppose tous les quatre ans les champions de chaque zone continentale. Partout dans le monde, il y a des championnats continentaux des nations : l’Euro, la Copa America en Amérique du Sud, la Coupe d’Afrique des nations, etc. Chez nous, il s’agit de la Gold Cup. Avec l’Asie et l’Océanie, on se retrouve à un total de six zones. Le champion du monde et le pays hôte bénéficient également d’une place, pour un tournoi à huit équipes. C’est aussi une sorte de « pré-Mondial », car il a lieu un an avant la Coupe du monde dans le pays organisateur de celle-ci. La prochaine se jouera donc en Russie en 2017.


Ces championnats continentaux ont lieu tous les quatre ans presque partout. Il y a deux exceptions : l’Afrique et la Concacaf. La première a décidé de faire simple : c’est le tenant du titre au moment de la Coupe des confédérations qui s’y rend. Dans notre coin du monde, où les choses faciles peuvent facilement devenir tordues, on a avait adopté le même système dans un premier temps. Mais, contrairement aux Africains fiers de remporter le titre de champions de leur continent, nos meilleures nations snobaient quelque peu la Gold Cup « non qualificative ». Alors, pour quand même organiser celle-ci tous les deux ans, on a décidé qu’il fallait remporter les deux pour aller à la Coupe des confédérations. Et d’organiser un match de barrage entre les vainqueurs si deux pays différents s’imposaient. Les États-Unis ont gagné en 2013, le Mexique en 2015.


DOS A CERO

L’engouement est toujours énorme lors d’un duel entre les deux puissances de la Concacaf, soit-il amical, lors de la Gold Cup ou des éliminatoires de la Coupe du monde. Il est aujourd’hui égal à celui entourant les plus grandes rivalités de la planète. Mais la frénésie autour du match de ce samedi est telle que seul un affrontement en phase finale du Mondial pourrait la dépasser, à un point que même des cinémas le diffuseront. Pourquoi donc ? C’est simple : une question de suprématie.


Avant 1991, les Américains ne s’étaient imposés que 2 fois en 29 confrontations officielles (en 1934 et en 1980), pour 23 défaites et 4 partages. Depuis lors, ils ont pris l’ascendant : 17 victoires, 10 défaites et 10 nuls. Tout un contraste avec les résultats des compétitions de clubs ! Pour mieux connaître cette rivalité, testez vos connaissances. De ces 17 succès, 9 ont été acquis sur la marque de 2-0, dont celui de 1991, mais également les quatre derniers joués aux États-Unis dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde – donc depuis 2001. Chaque fois sur le même score, chaque fois à Columbus. Michael Parkhurst a écrit ses souvenirs du dernier en date.


« Dos a cero » est devenu la devise des supporters américains lors de chaque match contre le Mexique. Une légende qui a pris tout son sens lors du seul affrontement entre les deux équipes en phase finale de Coupe du monde, le 17 juin 2002 en Corée du Sud. Verdict ? 2-0 pour les États-Unis. Aujourd’hui, les acteurs de ce jour historique dans le soccer américain témoignent. De quoi revivre ce match comme si vous étiez dans chacune des deux équipes.


À ce jour, les Américains restent sur une série de six rencontres sans défaite contre le Mexique (trois victoires et trois nuls), la plus longue de leur histoire. Les Mexicains ne se sont plus imposés depuis juin 2011. Mais eux aussi se souviennent de certaines de leurs heures de gloire, comme leur victoire en demi-finale de la Coupe des confédérations 1999, tout en n’oubliant pas les moments difficiles d’une histoire récente faite de hauts et de bas.


LES ENTRAÎNEURS

Hormis lors des exploits et des grands résultats, il y a rarement autant d’agitation autour d’une équipe nationale que quand un nouveau sélectionneur arrive ou que quand le sélectionneur du moment est contesté. Américains et Mexicains sont actuellement chacun dans une de ces situations.


Arrivé à la tête de l’équipe nationale des États-Unis il y a quatre ans, Jürgen Klinsmann est très loin de faire l’unanimité. Oublié de la sélection pour la Coupe du monde 2014, Landon Donovan, considéré comme le meilleur joueur américain de tous les temps, pense que Klinsmann devrait partir en cas de défaite. Il n’est pas le seul : l’Allemand est la cible de nombreux analystes aux États-Unis, qui lui donneraient presque envie d’aller travailler en Angleterre… La défaite contre la Jamaïque en demi-finale de la dernière Gold Cup reste en travers de la gorge de bien du monde, tout comme la manière peu convaincante de jouer de l’équipe. Cela a bien plus de poids que les victoires lors d’amicaux aux Pays-Bas et en Allemagne plus tôt cette année, ou le fait que les États-Unis soient invaincus face au Mexique sous Klinsmann.


Dans le camp d’en face, Ricardo Ferretti n’est là que par intérim. Il a dû remplacer au pied levé le truculent Miguel Herrera limogé suite à une altercation physique avec un journaliste. Son successeur est déjà connu : Juan Carlos Osorio a annoncé qu’il prendrait bientôt la barre de l’équipe, même si quelques détails du contrat restent à régler. Osorio n’est pas un inconnu des observateurs de la MLS, puisqu’il a entraîné Chicago puis New York entre 2007 et 2009.


AMBIANCE ET CONNEXIONS

Osorio n’est pas le seul lien entre le Mexique et les États-Unis. Le plus évident aurait dû être Giovani Dos Santos, l’international mexicain du LA Galaxy. Mais l’auteur d’un des plus beaux buts de l’histoire des confrontations entre les deux équipes a dû déclarer forfait à la dernière minute. Les Américains Ventura Alvarado et Michael Orozco jouent pour leur part en championnat du Mexique et sont les meilleurs témoins de l’ambiance qui règne au sud du Rio Grande : la pression y est énorme !


Une fois de plus, le match aura lieu au nord du célèbre fleuve. Car des 37 rencontres disputées depuis le premier « Dos a Cero » en 1991, seules 8 ont eu lieu au Mexique. Ajoutez-en deux en terrain neutre, et cela donnera la 28e fois que les États-Unis auront l’avantage du terrain. Une expression peut-être galvaudée tant la communauté mexicaine est importante au nord de la frontière, surtout dans une ville comme Los Angeles. Le stade sera plein à craquer et plusieurs observateurs aguerris s’attendent à y voir plus de vert que de bleu.


LE MATCH

Et à part ça ? Eh bien ça va. S’il se passe quelque chose, on vous le dira. Donc, on vous dit que vous ne voulez pas rater ce match de foot. Notre analyste en fauteuil est bien embêté au moment de vous en dévoiler les clefs tant les inconnues sont nombreuses dans l’équation. Les joueurs américains s’attendent à un duel physique. La confiance règne dans les rangs mexicains, à l’image de l’attaquant Chicharito qui a retrouvé la grande forme depuis qu’il a signé à Leverkusen en début de saison.


L’honneur du pays est en jeu dans les deux camps, et il ne fait aucun doute que la volonté de gagner n’est pas plus faible d’un côté de que de l’autre. Au cours de la semaine écoulée, Klinsmann a voulu se concentrer sur sa propre équipe sans accorder trop d’importance à l’adversaire, souhaitant que ses joueurs apprennent de leurs erreurs récentes et soient tous sur la même longueur d’ondes.


« Dos a Cero », entraîneurs, connexions, match : un homme réunit parfaitement tous les éléments entourant le duel de ce samedi. Lors de la fameuse victoire de 1991, les États-Unis étaient entraînés par le Serbe Bora Milutinovic, véritable globe-trotter du ballon rond qui a également veillé aux destinées d’autres nations de la Concacaf dont… le Mexique. Il est donc idéalement placé pour préfacer une rencontre où il voit une opposition entre le mental américain et le talent mexicain.