Et ils sont où les Canadiens ?

Et ils sont où les Canadiens ? -

Lorsque Montréal s’est déplacé au Mexique et au Costa Rica plus tôt cette saison en Ligue des champions, les journalistes locaux se sont demandés, avec un air entre stupéfaction et moquerie, « mais pourquoi le représentant du Canada n’a-t-il presque pas de joueurs canadiens ? »


La finale aller de la Coupe du Canada (Championnat canadien Amway de son nom officiel) qui se joue aujourd’hui est un excellent prétexte pour regarder l’évolution du nombre de joueurs canadiens dans les clubs canadiens de MLS depuis qu’ils évoluent tous les trois dans la compétition (donc, depuis 2012). Par Canadien, on entend un joueur qui peut jouer en équipe nationale canadienne. C’est pourquoi, par exemple, Wandrille Lefèvre entre en considération pour 2015 mais pas pour les saisons précédentes, avant sa naturalisation.


Les joueurs répertoriés sont ceux qui ont eu du temps de jeu en MLS (ils sont classés selon leur temps passé sur le terrain), les internationaux sont en italique. Pour être considéré comme international, il faut avoir joué au moins une minute en équipe nationale (match amical ou officiel) durant l’année en cours. Les joueurs qui ont été convoqués sans jouer n’ont donc pas été pris en ligne de compte. Particularité : de nombreux Canadiens ont été appelés en équipe nationale  sans jouer la moindre minute en MLS. Ils sont aussi dans la liste, après le signe +.


Le pourcentage, c’est celui du temps de jeu par rapport au maximum possible. Avoir 11 canadiens sur le terrain en tout temps lors de chaque match donnerait un total de 100%. En 2012, presque le quart du temps de jeu du Toronto FC était réservé aux joueurs canadiens. Si en soi, ce n’est pas énorme (pour schématiser, ça ferait deux Canadiens titulaires et présents pendant tout le match, et un autre jouant 55 minutes, aux côtés de huit ou neuf étrangers), c’est de loin la plus grande utilisation de joueurs canadiens. Les 117 malheureuses minutes du seul Teibert à Vancouver en 2012 constituent l’extrême inverse.


Après une saison 2014 dans l’ensemble encourageante, tant pour le temps de jeu des Canadiens que pour le nombre d’internationaux évoluant au pays (d’autant que Tissot et Morgan ont été appelés en équipe nationale sans y jouer), on constate un net recul pour 2015 à ce point-ci de l’année. L’âge plus avancé de certains, des carrières en dents de scie et le départ de Doneil Henry constituent une partie de l’explication. Le bilan général de 8,8 % de temps de jeu en 2015 reste très faible, puisqu’en termes plus schématiques, cela veut dire que seul un canadien commencerait le match, et serait remplacé par un étranger à 3 minutes de la fin, le match se terminant donc avec 11 joueurs venus d’en-dehors des frontières du pays. Et encore, heureusement que Lefèvre est là pour bonifier ces chiffres.


Pour terminer, voici un rappel des règles de la MLS en la matière. Les clubs de MLS basés au Canada ont reçu le droit d’avoir huit joueurs étrangers (des places qui sont échangeables, ce qui fait qu’ils peuvent en avoir un nombre différent selon les échanges préalables), mais leurs places de joueurs locaux peuvent être occupées par des joueurs soit américains soit canadiens. Ils sont obligés d’avoir au moins trois joueurs canadiens dans leur effectif (il n'y a aucune obligation liée aux nombres de joueurs sur le terrain ou sur la feuille de match). Les joueurs ayant légalement le droit de travailler au Canada (les résidents permanents, par exemple) sont considérés comme des joueurs locaux canadiens. Ainsi, même avant d’être naturalisé, Lefèvre n’avait pas le statut de joueur étranger en MLS.


2012
Montréal :
3 joueurs, 1 international (Bernier, Ouimette, Sutton), 2285 minutes (6,8 %)
Toronto : 7 joueurs, 3 internationaux (Morgan, Dunfield, Henry, De Guzman, Cann, Stinson, Makubuya), 8022 minutes (23,8 %)
Vancouver : 1 joueur, 1 international (Teibert), 117 minutes (0,3 %)
Total : 11 joueurs, 5 internationaux, 10424 minutes (10,2 %)

2013
Montréal :
3 joueurs, 1+1 internationaux (Bernier, Ouimette, Tissot + Gagnon-Laparé), 3325 minutes (9,6 %)
Toronto : 6 joueurs, 5+1 internationaux (Morgan, Osorio, Henry, Bekker, Dunfield, Welshman + Stinson), 5804 minutes (17,2 %)
Vancouver : 2 joueurs, 1+3 internationaux (Teibert, Adekugbe + Clarke, Farmer, Thomas), 1867 minutes (5,5 %)
Total : 11 joueurs, 7+5 internationaux, 10996 minutes (10,8 %)

2014
Montréal : 7 joueurs, 4 internationaux (Bernier, Ouimette, Tissot, Nakajima-Farran, Gagnon-Laparé, Jackson-Hamel, Béland-Goyette), 4403 minutes (13,1 %)
Toronto : 7 joueurs, 6+1 internationaux (Osorio, Henry, Bekker, De Rosario, Nakajima-Farran, Morgan, Hamilton + Aparicio), 5868 minutes (17,4 %)
Vancouver : 3 joueurs, 1 international (Teibert, Adekugbe, Froese), 2209 minutes (6,6 %)
Total : 16 joueurs, 10+1 internationaux, 12480 minutes (12,3 %)

2015
Montréal :
5 joueurs, 2 internationaux (Lefèvre, Tissot, Bernier, Jackson-Hamel, Gagnon-Laparé), 1308 minutes (6,3 %)
Toronto : 4 joueurs, 2+2 internationaux (Osorio, Morgan, Chapman, Hamilton + Roberts, Mannella), 2821 minutes (13 %)
Vancouver : 3 joueurs, 1 international (Teibert, Adekugbe, Froese), 1688 minutes (7,1 %)
Total : 12 joueurs, 5+2 internationaux, 5817 minutes (8,8 %)