La situation des internationaux juniors dans leur club

La situation des internationaux juniors dans leur club -

Après l’article qui se penchait sur l’évolution de la carrière des jeunes participant à la Coupe du monde des moins de 20 ans, plusieurs d’entre vous m’ont demandé « Oui, mais à cet âge-là, ils en sont où dans leur carrière, ces joueurs ? » Voilà une tentative de réponse, afin de savoir à quel point les internationaux en équipe de jeunes sont loin d’une carrière pro et déjà dans une structure leur permettant de l’envisager sérieusement.


Je me suis principalement penché sur les États-Unis, notamment pour voir l’évolution de la situation de ces jeunes en huit ans, mais aussi sur le Canada, et pris comme point de comparaison ce qui se fait de mieux en ce moment : l’Allemagne. Pour faire le lien entre les deux textes, commençons avec la liste des Américains qui ont participé au Mondial canadien en 2007. Où jouaient-ils à l’époque ? Et à quel niveau ?


Sans surprise, Bradley, celui qui a aujourd’hui la plus belle carrière, était déjà à l’époque celui qui avait le plus d’expérience, tant en MLS qu’aux Pays-Bas. Un autre joueur était déjà établi en MLS : Adu, celui vers qui la plupart des regards se tournaient en 2007. Cinq de ses coéquipiers tentaient de marcher sur ses traces : Ward, Sturgis, Szetela, McCarty et Altidore n’en étaient pas à leur première saison en MLS et soit avaient déjà au moins une quinzaine de matches comme titulaires à leur actif, soit ont commencé environ la moitié des matchs en 2007. Seitz devait pour sa part s’en tenir à quelques rares apparitions.


Rogers, lui, découvrait la MLS mais revenait de deux saisons en Europe où il venait de terminer sa formation. Un bagage beaucoup plus utile que celui de Wallace, Arguez et Igwe, qui effectuaient aussi leurs premiers pas dans notre championnat, mais ne jouaient pas et venaient d’une structure américaine sans lien direct avec un club de MLS. Ferrari jouait chez les jeunes en Europe, alors que Zimmerman était dans les équipes d’âge d’un club amateur de notre côté de l’Atlantique mais s’apprêtait à rejoindre l’équipe réserve d’un club allemand. Sandbo jouait chez les amateurs, alors que Sarkodie, Valentin (frères respectifs des joueurs actuellement à Houston et Bodø/Glimt), Zizzo, Perk, Beltran et Akpan jouaient avec l’équipe de leur université.


Qu’en est-il de l’équipe actuellement en Nouvelle-Zélande ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les joueurs sont encore plus éparpillés qu’en 2007. Le joueur le plus établi est Rubin (qui marque sur la photo), titulaire aux Pays-Bas. Une rare constante, avec aussi le fait que la liste la plus longue soit celle des joueurs qui commencent à gagner un temps de jeu intéressant en MLS, composée cette année de Miazga, Acosta, Jamieson IV, Thompson et Delgado ; Allen et Palmer-Brown ont beaucoup moins joué mais commencent à pointer le bout de leur nez et évoluent, comme les cinq autres, dans leur club depuis plusieurs saisons. Ils ne sont plus que deux à jouer pour une université (Olsen et Caldwell) alors que Donovan est le seul à débarquer en MLS en provenance d’une structure extérieure.


Tous les autres sont à l’étranger, et dans des situations très différentes. Hyndman a été titulaire 11 fois en D2 anglaise. Formés dans un club européen, Payne et Zelalem viennent d’arriver en équipe première mais n’y jouent encore presque jamais. Idem pour Requejo au Mexique, où Arriola a de temps à autre la chance de se montrer. Moore est en D3 espagnole, Tall sillonne les divisions inférieures françaises (mais appartient à un club de D1). Carter-Vickers est en équipes de jeunes d’un club anglais, Soñora d’un club argentin, alors que Steffen a signé plus tôt cette année en Allemagne mais n’apparaît pas encore sur le site web de son club.


Cette répartition est a priori très étonnante si on considère que les clubs de MLS ont une structure mieux adaptée à la formation des jeunes qu’il y a 8 ans. Et pourtant, personne n’est en équipe réserve ou de jeunes d’un club de MLS ! Pour comparer, autant prendre le meilleur étalon possible : l’Allemagne, championne du monde en titre, numéro un au classement mondial, dont l’équipe des moins de 20 ans a impressionné depuis le début du tournoi et, aussi, pays du sélectionneur des États-Unis, Jürgen Klinsmann, à qui il doit bien servir d’inspiration de temps à autre. Sans oublier que leurs deux pays pourraient s’affronter en demi-finale.


Je vous épargne les noms, je me contente du bilan. Beaucoup plus clair, simple et rapide à dresser. Un seul joueur est dans un club étranger (Benfica) après avoir accumulé un peu d’expérience en D1 et D2 allemande. Les autres sont tous au pays. Huit d’entre eux jouent la plupart du temps avec l’équipe réserve d’un club de D1, étant plus ou moins près des portes de l’équipe première (certains s’y entraînent, d’autres y ont déjà un peu joué). Quatre joueurs sont en train de se faire connaître et d’avoir un temps de jeu intéressant pour leur âge en D1, alors qu’un autre (Stendera) est déjà régulièrement titulaire au plus haut niveau de la Bundesliga. Stark a une cinquantaine de rencontres à son actif chez les pros, parmi l’élite, mais aussi en D2 puisqu’il a décidé de rester à Nuremberg quand le club a été relégué il y a un an. Deux de ses coéquipiers en Nouvelle-Zélande sont souvent titulaires en D2 allemande, un autre commence à y avoir un temps de jeu intéressant, et trois autres sont des pions incontournables de leur club de D3. Parmi tous ces joueurs, certains seront également transférés dans un meilleur club cet été. Il semble en tout cas que la mobilité tant des clubs que des joueurs permette aux meilleurs jeunes allemands de s’épanouir à des niveaux différents tout en restant au pays sans pour autant jouer à un niveau trop faible nuisant à leur développement.


Allez, pour terminer, le Canada, car c’est intéressant de connaître la situation des jeunes les plus prometteurs du côté nord de la frontière. Il n’est pas à la Coupe du monde, nous regarderons donc la situation actuelle des membres de l’effectif qui a pris part aux éliminatoires. Un nom sort du lot, celui de Larin, qui commence à se faire un nom à Orlando en MLS. D’autres sont dans le noyau de l’équipe première de leur club mais y jouent peu (Adekugbe et Gagnon-Laparé en MLS, Ferguson en D1 écossaise). On retrouve certains joueurs dans les divisions inférieures, que ce soit Boakai en NASL, Petrasso prêté par QPR (D2) à divers clubs de D3 anglaise où il a joué de temps en temps ou Gasparotto en D3 écossaise (mais quand même… aux Glasgow Rangers).


Les autres sont tous soit en équipe réserve, soit en équipe de jeunes. La plupart dans des clubs de MLS : à côté de Béland-Goyette à Montréal et des Torontois Aparicio et Hamilton, ils sont six à se produire pour l’équipe de Vancouver en NASL (Serban, Bustos, Haynes, Carducci, Froese, Farmer) alors que Wirth fait partie des équipes de jeunes du club de Colombie-Britannique. John est dans l’équipe B d’un club de D2 allemande, Comsia chez les jeunes d’un club de D3 française. Enfin, Nanco alterne son temps entre l’université et les jeunes d’un club de D1 provinciale ontarienne.