Montréal prêt pour la chaude réception qui l'attend

Montréal prêt pour la chaude réception qui l'attend -

Le match retour de la demi-finale de la Ligue des champions entre Alajuelense et Montréal (22h00 HE, TVA Sports, Sportsnet, Fox Sports 2) est d’une importance capitale pour les deux équipes. Vainqueur 2-0 au match aller, le dernier représentant de MLS en lice dans la compétition tentera de devenir le premier club canadien de l’histoire à en atteindre la finale. Mais la réception sera très chaude.


D’ailleurs, les supporters locaux et l’ambiance au stade était les principaux sujets de conversation entre les Montréalais et les médias tant canadiens que costariciens. « Ce sera un superbe environnement de soccer, pour le genre de match que les joueurs attendent. Nous avons des joueurs très expérimentés qui ont vécu de grands moments et connaissent ce genre de situation. À Montréal, nous avons joué devant 48000 personnes », déclarait ainsi Frank Klopas à l’issue du dernier entraînement de ses hommes.


En 24 heures, trois équipes se sont en fait entraînées au stade Alejandro Morera Soto. Les deux qui seront en lice sur le terrain, évidemment, mais aussi les supporters locaux qui avaient organisé une réunion de motivation lors de laquelle ils ont donné beaucoup de voix. Il a été plus facile de pêcher des informations auprès d’eux que des deux clubs lors de ces entraînements. En effet, Alajuelense avait organisé sa conférence de presse avant sa séance, mais comme par hasard, les médias montréalais n’avaient que l’heure du début de l’entraînement. Ces derniers – pour des raisons d’heure de bouclage notamment – n’étaient guère nombreux à la séance de l’Impact, où seul Hassoun Camara a répondu à leurs questions, pendant que les journalistes locaux parlaient avec l’entraîneur visiteur et Dilly Duka. Heureusement, MLSsoccer.com a sympathisé les collègues ticos afin de vous fournir toutes les informations recueillies auprès des deux camps au cours de la journée.


Klopas leur a entre autres expliqué ne pas débarquer en terrain inconnu : « Je suis déjà venu voir Alajuelense et Herediano au Costa Rica, je connais ce genre d’ambiance, similaire à celle qu’il y a en Grèce, avec également la pression des médias et des supporters qui ont de grandes attentes. C’est d’autant plus important pour nous de bien jouer, car si on n’est pas dans le coup et qu’Alajuelense marque un ou deux buts, les supporters vont être encore plus dans le match et ce sera encore plus difficile pour nous. »


S’il ne souhaite pas trop élaborer au sujet de ce qu’il connaît de l’adversaire, l’entraîneur visiteur ne tarit cependant pas d’éloges à leur sujet. « Les joueurs costariciens qui viennent en MLS s’adaptent facilement car ils sont très bons techniquement et physiquement. On ne doit pas s’occuper d’un joueur en particulier », explique-t-il avant de se faire demander quel joueur d’Alajuelense il amènerait à Montréal. « J’en prendrais plus que ça. Oui, j’en amènerais quelques-uns ! »


Le 2-0 du match aller ne fait peur à personne, ici à Alajuela. La confiance règne chez les supporters, même ceux d’autres équipes du pays, souvent rivales. « 3-0 », nous dit l’un. « 4-1 », pronostique un autre quelques mètres plus loin. Celui au coin de la rue joue les mimes : après avoir dit Montréal, il montre l’intérieur de stade et fait trembler ses jambes comme les feuilles d’un arbre par grand vent.


Dans de telles circonstances, Montréal compte sur ses joueurs d’expérience afin que tout le monde garde la tête sur les épaules. Confinés dans un cadre luxueux depuis leur arrivée samedi, les joueurs ont découvert le stade et son environnement à peine 24 heures avant le match. L’un d’entre eux le connaissait déjà : Dilly Duka. « Je suis venu ici m’entraîner deux semaines avec l’équipe olympique des États-Unis et je sais ce que cette équipe signifie pour la ville, déclarait le dribbleur montréalais. Ce sera un match différent de celui à Montréal, ils pourront compter sur leurs supporters et ce sera difficile. Ce sera aussi plus compliqué qu’à Pachuca, tout simplement parce que c’est une demi-finale. »


Interrogés au sujet du terrain, les Montréalais ne se sont guère dits inquiets : tant sa dimension (« la même que celle du Stade olympique », dixit Klopas) que la surface artificielle en elle-même (« on a déjà joué sur ce genre de synthétique », rassure Duka) ne suscitent pas la moindre crainte. « Attention, ce qu’ils ont vu aujourd’hui ne reflète pas la réalité, nous prévient un journaliste qui suit l’équipe au quotidien. Avant la rencontre, le terrain sera arrosé : l’eau s’évapore rapidement, mais cela change quand même la nature de la surface qui sera bien plus rapide. »


Il nous parle aussi des principaux sujets de conversation autour de l’équipe locale. Il y a l’arbitre, M. Aguilar, un Salvadorien qui avait sifflé le match de Montréal à Atlante lors de la première épopée de l’Impact en Ligue des champions, mais surtout qui avait officié lors d’un match du Costa Rica aux États-Unis dans la neige et y avait suscité l’ire des ticos. L’autre point qui revient souvent, c’est la volonté de faire la différence dès les premières minutes.


Une donne dont Klopas est également bien conscient. « Alajuelense rentrera fort dans le match, encore plus avec l’appui de la foule. Nous devrons être concentrés pendant tout le match, mais encore plus au début. » Il a également pensé à la toute fin, et à des tirs au but éventuels. « Il faut parer à toutes les éventualités, alors nous nous sommes préparés pour la séance de tirs au but. J’espère que nous ne devrons pas nous rendre là, mais le cas échéant, les joueurs qui devront tirer sont prêts. »


Si tous les supporters que nous avons croisés se sont montrés éminemment sympathiques, à l’approche du match, et pendant celui-ci, une seule chose comptera à leurs yeux : tout faire pour pousser leurs favoris à la victoire. « Attention, demain leur comportement sera très différent, a prévenu un collègue local. Évitez de vous frotter à eux et arrivez au match trois heures à l’avance. » Les joueurs, eux, n’auront pas le choix et Evan Bush s’attend à être bombardé.


Il pourrait l’être doublement : tant par les supporters que par l’équipe d’Alajuelense, qui a prévu de mettre tout à l’attaque. Pas seulement parce qu’il faut rattraper deux buts de retard, mais aussi parce que, nous dit-on ici, l’entraîneur Oscar Ramirez veut prouver qu’il sait avoir des intentions offensives. Certes, son équipe a la deuxième meilleure attaque du championnat, mais cette donnée est faussée par le fait qu’elle a inscrit six buts à deux reprises contre des faire-valoir.


Il devrait ainsi y avoir quelques changements par rapport à l’équipe alignée à Montréal. Toujours selon nos collègues costariciens, Soto, qui ne donne pas satisfaction, sera mis à l’écart, tout comme Salvaterria, jugé trop défensif. Matarrita, habituellement dans l’entrejeu, est pressenti pour jouer derrière et monter beaucoup, tout comme l’autre arrière latéral, Gutierrez. Ils devront quand même s’acquitter avant tout de leurs tâches défensives, alors que les milieux de terrain et les avants ont reçu une mission : tout à l’attaque ! Avec un renfort de choix, Alonso, de retour de suspension.


Info ou intox ? Toujours est-il que cette attention focalisée sur l’adversaire et l’ambiance dans la deuxième ville du Costa Rica arrange bien Frank Klopas, qui lui aussi tente au mieux de cacher son jeu à l’ennemi. Les informations sont données avec parcimonie. Voilà ce que Camara répondait quand on lui demandait comment l’équipe gérerait l’équilibre entre la volonté de défendre deux buts d’avance et celle d’en marquer un pour obliger l’adversaire à en inscrire quatre : « Bonne question… Des fois, on a des envies et on prépare des choses, mais au bout du compte, il y a la réalité du match et une autre équipe qui voudra pousser elle aussi. Il va falloir être aussi rigoureux qu’eux défensivement. C’est une équipe qui développe du jeu, essaye de repartir de l’arrière et de trouver le milieu de terrain. On va tout faire pour bloquer ça et tenter de se créer des occasions avec Jack, Nacho ou celui qui jouera. »


Les joueurs montréalais sont toutefois conscients que ce qu’Alajuelense a montré au match aller n’est pas représentatif de son niveau. « Le match au Stade olympique a un petit peu biaisé les choses car on est vite entré dedans et ils étaient un peu déboussolés, ajoute le défenseur français. Il ne faut plus s’y fier mais arriver fort car ils ont les crocs et la volonté de prendre leur revanche. On doit regarder nos points forts et ne pas se concentrer sur l’adversaire pour éviter de commettre la même erreur qu’ils ont commise ce jour-là. »


Des deux côtés, les plans ont été peaufinés pour ce match ultra-important. Pas étonnant que les Montréalais aient choisi un cadre où règnent calme et concentration pour le préparer. Ce soir, la donne sera toutefois bien différente. Maintenant, place au match !