Tous au (nouveau) stade !

Tous au (nouveau) stade ! -

Ce dimanche, San José inaugurera son nouveau stade : une enceinte dont il sera le principal occupant, bâtie en fonction de ses besoins et dédiée au soccer. Ces fameux soccer specific stadiums, comme on les appelle en anglais, ont changé le visage de la MLS et eu de nombreux bienfaits pour leurs clubs. Des vingt clubs actuels, San José est le dixième à déménager en quittant un domicile pas vraiment adapté pour s’installer dans un véritable chez lui. Mais les affluences et les résultats se sont-ils automatiquement améliorés pour tout le monde ? Tour d’horizon.

Houston
Le club a une histoire particulière puisque toute la structure de San José y a déménagé en 2006… sans son palmarès qui a été repris par San José lorsque le club a pour ainsi dire ressuscité deux ans plus tard. Le club texan, lui, a continué de vivre et de jouer au stade Robertson, enceinte multifonctions de 32 000 places. L’année suivante, le club décide d’avoir son propre stade : il ouvre en 2012, et est deux fois moins loin du centre ville (à une vingtaine de minutes de transports en commun) que le précédent. Cette inauguration est un franc succès : les affluences, déjà bonnes, augmentent de 20% et le club y aligne une série de 36 rencontres sans défaite à domicile, record de l’histoire de la MLS.

Kansas City
Le changement d’image de Kansas City est certainement celui à la réussite la plus spectaculaire en MLS. Le club abandonne une dénomination (Wizards), des couleurs et tout un attirail qui lui donnent une image tout sauf adaptée à son sport et à son époque, et déserte du même coup le stade de NFL qu’il occupait et où il remplissait à grand peine 10 000 des 80 000 sièges disponibles. Du coup, en 2011, le club quitte la ville de Kansas City dans le Missouri pour… la ville de Kansas City dans le Kansas, et s’installe au Sporting Park, avec dès la première année une augmentation des affluences de plus de 70%, pour rapidement jouer dans un stade où il n’y a plus un siège de libre. Quant aux résultats, ils sont à l’avenant, avec une Coupe MLS, une Coupe des États-Unis et un siège bien ancré en haut du classement.

New York
En 2006, Red Bull achète les MetroStars et entreprend une refonte complète du club : changement de nom, de couleurs et de logo. Parmi les autres décisions importantes, celle de lui construire son propre stade. Le déménagement a finalement lieu début 2010, année de fermeture du Giants Stadium, stade de NFL de 80 000 places. Le club longe la rivière Hackensack vers le sud et reste dans le New Jersey pour s’installer à la Red Bull Arena, qui n’est ni plus ni moins accessible que son prédécesseur. Mais les supporters se déplacent au stade en plus grand nombre, et malgré des résultats pas toujours conformes aux attentes élevées, l’équipe montre aussi des progrès sportifs constants après le déménagement.

Salt Lake
Dès que le club a commencé à jouer en 2005, il savait qu’il ne tarderait pas à déménager. Son premier stade, le Rice-Eccles Stadium (45 000 places), était donc considéré comme temporaire quasiment dès le départ, ce qui fait que sa situation est différente des autres. Il l’a quitté à la fin de la saison 2008 pour son stade actuel. Les affluences n’ont pas changé drastiquement au début, mais ont crû de manière régulière, parallèlement aux résultats en progrès d’une équipe qui, au fil des ans, s’est installée en haut de classement.

Colorado
En 2000, le stade de NFL dans lequel joue aussi l’équipe de soccer ferme ses portes, et cette dernière suit le principal tenancier dans sa nouvelle enceinte. Le club de MLS souhaite se doter à terme de son propre stade, et choisit ainsi de quitter le centre de Denver pour s’installer à l’orée d’un parc naturel situé à Commerce City (ne me demandez pas comment les deux notions sont arrivées dans la même phrase). Le nouveau stade ouvre en 2007, et si les affluences sont meilleures que de 2004 à 2006, elles ne parviennent jamais à retrouver le niveau atteint entre 2001 et 2003. Quant aux résultats, hormis une Coupe MLS due à la glorieuse incertitude du système de playoffs en 2010, ils n’ont jamais volé très haut.

Chicago
Longtemps, le club a évolué à Soldier Field, stade de NFL de 61 500 places où certaines rencontres de la Coupe du monde 1994 avaient eu lieu et situé un peu à l’écart du centre. Il souhaite avoir son propre stade, et l’installe à Bridgeview, banlieue à une grosse heure de transports en commun au sud-ouest du centre d’une ville pourtant très bien desservie. Du coup, après l’inauguration en 2006, il n’a jamais atteint à nouveau la moyenne de 17 200 spectateurs qu’il avait eue lors des deux saisons régulières avant son déménagement. Quant aux résultats, ils n’ont pas changé drastiquement au cours des premières saisons qui ont suivi.

Dallas
En 2005, le club entreprend de grands changements. Il délaisse sa dénomination Burn pour devenir FC Dallas et quitte l’énorme Cotton Bowl, enceinte très bien située mais qui avec ses 90 000 places paraît bien vide puisque l’équipe peine à attirer 10 000 spectateurs. Direction Frisco, banlieue éloignée à plus de 40 kilomètres de Dallas, et un stade de 20 000 sièges. S’il est rempli aux trois-quarts pendant deux saisons, grâce aussi aux meilleurs résultats, les moyennes baissent par la suite pour retomber dans les 10 000 en 2010. Il a fallu attendre 2013 pour retrouver les chiffres des premières années.

LA Galaxy
En 2003, le club quitte le fameux Rose Bowl de Pasadena, stade qui avait accueilli la finale de la Coupe du monde 1994. Situé à 3 km d’une station de métro, ce mastodonte qui peut accueillir près de 100 000 personnes paraissait vide avec des moyennes pourtant honorables d’un peu moins de 20 000 spectateurs. Le club franchit cette barre en s’établissant dans l’actuel StubHub Center, à proximité d’un campus universitaire de Carson, loin du métro mais relativement bien desservi en bus. Sur le terrain, le déménagement n’a pas forcément porté chance immédiatement, puisque l’équipe a connu quelques premières saisons difficiles dans son nouveau stade avant de redevenir une puissance. Ce qui n’a pas empêché les affluences d’augmenter d’environ 40%.

Columbus
En 1999, le club fait figure de pionnier en devenant le premier aux États-Unis à jouer dans un stade dédié au soccer. C’était une promesse de longue date et on savait depuis belle lurette que l’Ohio Stadium et ses 90 000 sièges, à une quarantaine de minute du centre-ville en transport en commun, ne seraient qu’un domicile temporaire. Alors que la moyenne de spectateurs était en chute libre, le déménagement au Columbus Crew Stadium, situé un petit peu plus loin du centre que son prédécesseur, relance l’intérêt, même si le public reste quand même très volatil, le club attirant des moyennes oscillant entre 12 000 et 17 000 spectateurs selon les années. Équipe du subtop avant son déménagement, Columbus y est resté dans les saisons qui ont suivi.

San José
C’est donc désormais au tour de San José de changer de domicile, délaissant le stade Buck Shaw pour l’Avaya Stadium. Contrairement à bien d’autres, l’équipe ne quitte pas un stade de NFL trop grand, mais bien un stade de soccer exigu et, surtout, qui ne correspond plus aux normes actuelles de la MLS. Les deux stades sont proches l’un de l’autre même s’il faut un peu plus longtemps (une dizaine de minutes) pour accéder au nouveau si on n’a pas de voiture. Ça ne devrait toutefois pas repousser un grand nombre de supporters. Reste désormais à voir si la magie d’un nouveau stade opérera sur les résultats…