Retour sur Pachuca - Montréal, secteur par secteur

Retour sur Pachuca - Montréal, secteur par secteur -

Montréal a réalisé un excellent résultat à Pachuca, un nul 2-2 qui le place en position de force avant le match retour mardi prochain. Les résumés de la rencontre ne manquent pas (ici sur MLSsoccer.com en anglais, ici en français ailleurs, et à bien d’autres endroits encore). Alors plutôt que d’en écrire un autre, j’ai voulu comparer les grands duels de la soirée entre les deux équipes à différents endroits du terrain.


Evan Bush n’a, finalement, pas eu autant de travail que prévu, et pas grand-monde ne s’en plaindra à Montréal. Il a cependant dû se montrer solide sur une frappe de Cano d’un angle fermé en toute fin de première mi-temps et a effectué un beau plongeon pour écarter un tir à distance de De Buen alors que Pachuca était déjà revenu à 2-2. Il ne peut pas grand-chose sur le coup franc d'Olvera, mais paye le manque d'automatismes avec Ciman lors de sa sortie sur le but égalisateur.


Les défenseurs centraux constituent la toute grande satisfaction montréalaise. Soumare et Ciman ont dominé leur secteur de jeu de la tête et des épaules. Cela explique en partie la soirée relativement tranquille passée par leur gardien. S’ils ont été très bons, Pachuca a beaucoup manqué de présence dans les parages de Bush. Cano fut égal à ce qu’il montre en championnat depuis le début de l’année en ne pesant pas assez sur le jeu, et il a en plus beaucoup décroché (ce qui lui a quand même permis de provoquer le coup franc du 1-2). Derrière lui, les trois médians axiaux se regardaient souvent afin de savoir qui devait s’infiltrer. Le duo central montréalais ne leur a jamais laissé le temps de s’organiser, et dès que les Mexicains prenaient une bonne décision, l'exécution avortait quand Ciman ou Soumare arrivait premier sur le ballon. La montée de Nahuelpan a amené du poids à l'attaque de Pachuca, c’est d’ailleurs lui qui a égalisé et s’est retrouvé le plus souvent en position menaçante.


Face aux poisons que sont Damm et Lozano, Toia et Cabrera ont beaucoup souffert en début de match. L’excellente réaction montréalaise après le but d’ouverture leur a facilité la tâche : il y avait moins d’espaces pour les adversaires, et les arrières latéraux visiteurs ont pu serrer les ailiers locaux de plus près. Dès cet instant, ils se sont acquittés de leurs tâches avec beaucoup d’aplomb, ce qui était loin d’être gagné d’avance. Damm est capable de faire la différence à lui tout seul de beaucoup de manières différentes, et Toia a réussi à le mettre sous l’éteignoir. Il a confirmé les bonnes dispositions défensives montrées à Chivas USA, et a en plus un pied (très important) dans le premier but. Cabrera a constitué une très belle surprise, s’est beaucoup impliqué mais était cuit après une heure. Lozano a profité de sa fatigue pour poser les bases du but égalisateur. La montée de Camara a contribué à refermer la brèche.


Devant la défense, Donadel et Reo-Coker n’ont pas eu la vie facile face au trio De Buen - Guiterrez - Sornoza. L’Italien, qui fait partie des joueurs ayant été malades au Mexique, a été particulièrement souvent débordé. Les visiteurs étaient régulièrement en infériorité numérique dans cette partie de terrain, se contentant de regarder leur adversaire se passer le ballon. Toutefois, quand on pense de manière pragmatique, ce n’était pas plus mal. Les trois Mexicains avaient du mal à définir leurs rôles respectifs, notamment en raison de l’absence d’Hernandez (d’habitude De Buen reprend le rôle de Sornoza en fin de match). Ils avaient presque tout le poids de la construction sur leurs épaules, et poser le jeu n’est pas leur fort. L’infériorité numérique montréalaise était compensée ailleurs, ce qui limitait les solutions des joueurs de Pachuca. Et une fois que les espaces ont, eux aussi, été réduits, ils ont éprouvé toutes les peines du monde à développer des actions génératrices d’occasions. Le coup franc menant à l’égalisation est toutefois venu de là, après un service de Gutierrez à Cano, victime d’une faute à 20 mètres du but. Sur les contres montréalais, Reo-Coker se montrait fort disponible pour constituer un relais entre la défense et les joueurs offensifs.


Les conditions étaient très ingrates pour les milieux latéraux montréalais Mapp et Duka, qui savaient dès avant le coup d’envoi que leurs occasions de s’exprimer seraient limitées et qu’ils allaient beaucoup devoir défendre. Ils avaient cependant dans leur manche les principaux atouts pour surprendre Pachuca : rentrer dans le jeu et tirer de loin. De un, pour donner du travail aux arrières latéraux et limiter l’aide qu’ils pouvaient apporter offensivement. De deux, parce que Pachuca laisse beaucoup frapper à distance et qu’il y avait une belle carte à jouer. Mapp et Duka s’en sont tiré de superbe manière. Le deuxième nommé particulièrement, puisqu’il est l’auteur des deux buts des siens. Mapp a effectué tout le travail préparatoire sur le second. Chaque fois, ils sont rentrés dans le jeu, et c’est dans l’axe qu’ils ont fait mal. Il faut aussi souligner qu’ils n’ont pas rechigné à leurs tâches défensives, ce qui a causé des maux de tête supplémentaires à l’équipe locale.


L’axe défensif est un des points faibles de Pachuca, notamment dans la zone entre le grand rectangle et le rond central, et ça s’est vu. Encore là, la répartition aléatoire des tâches entre les trois milieux axiaux n’a pas aidé la cause mexicaine, et les défenseurs centraux ne leur ont pas prêté main forte. Sur le premier but, il suffit d’un petit coup de rein bien placé de Duka pour mettre Herrera dans le vent, avant de tirer victorieusement. Sur le second, Mapp se joue de Mosquera et le marquage sur Duka, seul juste devant le gardien Perez, est déficient. Piatti s’est aussi enfoncé comme dans du beurre plein axe à quelques reprises, mais s’est montré trop personnel, alors qu’Oduro, par sa vitesse, a baladé les défenseurs adverses, ouvrant des espaces encore plus béants à ses coéquipiers.


Ainsi, même si Pachuca a monopolisé le ballon pendant près des trois-quarts du match, a été plus précis dans ses passes et a remporté plus de duels, c’est souvent Montréal qui prenait le dessus lors des moments clefs. Plus efficaces défensivement et offensivement, les visiteurs ont pu arracher un résultat pour lequel ils auraient volontiers signé avant le coup d’envoi.