MLS et Coupe du monde : une donne complètement neuve

MLS et Coupe du monde : une donne complètement neuve -

Quelle influence sur le championnat aura le fait qu’on jouera en MLS pendant la Coupe du monde ? C’est extrêmement difficile à dire. Si nous avons regardé la situation de différents clubs dans l’émission Coup Franc de cette semaine, il est impossible de comparer avec le passé tant les conditions de cette année sont inédites. Que s’est-il passé il y a quatre ans et comment la MLS a-t-elle réussi à arriver à la situation actuelle ?


En 2010, il y avait à peine 6 joueurs de MLS à la Coupe du monde. Un seul club y avait deux représentants : le LA Galaxy, avec Landon Donovan et Edson Buddle. Bob Bradley n’avait retenu que deux autres représentants de son championnat national : Jonathan Bornstein (Chivas USA) et Robbie Findley (Salt Lake). Deux autres nations avaient un joueur de MLS dans leur effectif : la Nouvelle-Zélande avec Andrew Boyens (New York) et le Honduras avec Roger Espinoza (Kansas City). Il convient d’ajouter, si on parle de l’influence de la Coupe du monde, que cinq autres Américains avaient été présélectionnés et ont participé à une partie de la préparation qui avait commencé le 18 mai 2010 : Sacha Kljestan (Chivas USA), Heath Pearce (Dallas), Brian Ching (Houston), Chad Marshall et Robbie Rogers (Columbus).


Il y a quatre ans, la MLS avait également pris deux semaines de pause pendant la Coupe du monde : entre le 11 et le 25 juin. La reprise a donc eu lieu à la veille du dernier match des États-Unis, battus en huitièmes de finale par le Ghana. Le Honduras et la Nouvelle-Zélande n’avaient pour leur part pas franchi le premier tour.


L’absence de la plupart des joueurs avait été à peine ressentie. Ching, qui avait très peu joué depuis le début de la saison, et Pearce n’ont manqué qu’une rencontre avant que Bob Bradley ne les renvoie dans leur club. Columbus a joué deux rencontres durant cette période, sans Marshall ni Rogers, mais a pris les six points en jeu. Encore moins problématique que l’absence des joueurs qui n’ont finalement pas été retenus parmi les 23 de leurs pays, celle de Boyens : il n’a pas disputé une seule minute pour New York durant toute la saison 2010.


Il ne reste donc que quatre clubs à avoir dû composer avec une absence prolongée. Espinoza a manqué cinq rencontres de Kansas City, durant lesquelles sont club a pris quatre points. C’est peu, mais avant son départ, l’équipe comptait 8 points sur 21 et restait sur un 2/15. Chivas USA avait également connu un début de saison lent, mais s’est effondré en l’absence de ses internationaux : quatre défaites consécutives sans Bornstein, dont une où il était aussi privé de Kljestan. À peine revenu, ce dernier a signé à Anderlecht, et le retour du défenseur n’a pas empêché l’équipe de finir en queue de peloton.


Pendant l’absence de Findley, Salt Lake est resté invaincu, prenant onze points en cinq duels. Dans le même laps de temps, privé de ceux qui étaient loin devant leurs coéquipiers son meilleur buteur (Buddle) et son meilleur pourvoyeur (Donovan), le LA Galaxy s’en est sorti avec un 10/15. Quelques points perdus qui n’ont pas empêché les Californiens d’occuper la tête du classement à l’issue de la saison régulière, devant Salt Lake.


Mais qu’est-ce qui a donc pu changer tant que ça en quatre ans, avec la présence attendue d’environ vingt-cinq joueurs de MLS - au lieu de six - à l’évènement sportif le plus important de la planète ? Le championnat a pris de l’importance, c’est évident. Mais comment et aux yeux de qui ?


Il y a tout d’abord les expatriés américains qui sont revenus au bercail. Parmi ceux qui étaient en Afrique du Sud et jouaient alors à l’étranger, Jay DeMerit, Benny Feilhaber, Ricardo Clark, Marcus Hahnemann, Clarence Goodson, Michael Bradley, Clint Dempsey et Maurice Edu défendent tous aujourd’hui les couleurs d’un club de MLS. Les quatre premiers n’ont pas été retenus par Jurgen Klinsmann, les quatre autres espèrent faire partie de la liste des 23 pour le Brésil. Il faut leur adjoindre le nom de Michael Parkhurst, présélectionné cette année mais pas dans le groupe en 2010, également de retour après un passage à l’étranger.


Si sélectionner des joueurs établis en MLS qui y sont restés toute leur carrière ou presque n’a rien de nouveau, ceux-ci sont également de plus en plus nombreux et leur place dans l’équipe prend de l’importance. En 2010, seuls Bornstein et Donovan comptaient plus de 10 sélections, même si Bob Bradley a aussi régulièrement fait confiance à Findley en Afrique du Sud. Aujourd’hui, l’emblématique joueur du LA Galaxy est entouré de Nick Rimando, Omar Gonzalez, Brad Evans, Matt Besler, Kyle Beckerman, Graham Zusi, Brad Davis et Chris Wondolowski, toutes des valeurs sûres de notre compétition où ils ont bâti leur entière réputation et gagné la confiance de leur sélectionneur qui les appelle régulièrement. Il faut leur adjoindre une valeur montante, DeAndre Yedlin.


Dans la même catégorie de joueurs, il y a le cas particulier de Steven Beitashour. Né aux États-Unis de parents iraniens, il a eu des touches avec les équipes nationales des deux pays et a choisi celle de ses ancêtres. Il fait également partie des valeurs sûres de la MLS, où il a passé toute sa carrière.


Il fait partie des 10 à 15 joueurs étrangers qui pourraient représenter la MLS sur la scène mondiale. Une différence encore plus nette, quand on compare avec les Américains, par rapport à il y a quatre ans. Il faut dire qu’en Afrique du Sud, on se retrouvait avec un obscur international néo-zélandais et un jeune Hondurien certes talentueux mais qui devait encore faire ses preuves.


Parmi ces internationaux aujourd’hui en MLS, des vedettes établies et mondialement connues, venues entre autres grâce à la règle du joueur désigné. S’il faut admettre qu’elles ne sont plus forcément dans la force de l’âge, il faut surtout préciser que les sélectionneurs ne sont pas fous et ne vont pas amener avec eux des joueurs qui n’ont plus le niveau. Dans cette catégorie, rangeons l’Australien Tim Cahill (New York), le Brésilien Julio César (Toronto) et son coéquipier Jermain Defoe, qui n’ira toutefois au Mondial qu’en cas d’indisponibilité d’un de ses compatriotes.


Tous les autres internationaux de MLS viennent d’Amérique latine, quasiment tous de la Concacaf. Il y a un double intérêt en jeu : les joueurs (et leurs agents) se rendent de plus en plus compte que la MLS est à la fois une étape intermédiaire intéressante entre leur pays et l’Europe mais aussi un championnat où il leur sera plus facile de s’adapter, alors que les clubs se rendent de plus en plus compte de leur apport tant à court qu’à moyen terme. Les exemples honduriens d’Espinoza mais aussi d’Andy Najar (ex-DC United aujourd’hui à Anderlecht) tendent à les conforter dans cette idée. Les qualifications conjointes du Costa Rica et du Honduras, deux pays qui ont de bons joueurs et de bonnes connections en MLS, aident également à la croissance du nombre de représentants de notre championnat au Brésil.


Les Ticos ont la cote à Columbus, qui avait déjà Jairo Arrieta en ses rangs, et s’est renforcé avec Waylon Francis et Giancarlo Gonzalez cet hiver. Ce dernier avait travaillé avec Gregg Berhalter en Norvège, alors que les deux autres jouaient dans leur pays auparavant. Après une expérience en Scandinavie, Roy Miller a signé à New York en 2010 et joue régulièrement au poste d’arrière gauche quand il n’est pas blessé. Le plus connu des Costariciens est toutefois Alvaro Saborio qui, après trois saisons en Suisse et une en D2 anglaise, a signé à Salt Lake en 2010 et figure régulièrement parmi les premières places du classement des buteurs. Si Francis est un novice et Arrieta est loin d’être incontournable, les trois autres sont des joueurs importants de leur équipe nationale.


Les Honduriens sont très prisés en MLS. Valeur sûre dans son pays, Oscar Boniek Garcia était à la Coupe du monde 2010 avant de signer à Houston deux ans plus tard et de rapidement en devenir un joueur important. Lui aussi présent en Afrique du Sud, Victor Bernardez portait à l’époque les couleurs d’Anderlecht mais son passage en Belgique ne fut pas une réussite : après un détour par le Mexique, il a signé en 2012 à San José et a été élu meilleur défenseur du championnat dès sa première saison. Marvin Chavez et Jerry Bengtson n’ont pas la même réputation ici. Passé directement de son pays à Dallas en 2009, le premier a disputé deux bonnes saisons en 2011 et 2012 mais n’a pas confirmé par la suite. San José l’a même laissé partir et il joue aujourd’hui à Chivas USA. Quant à Bengtson, arrivé à New England durant l’été 2012 comme joueur désigné, il ne fait guère honneur à son statut et est peu utilisé. Ça n’empêche pas ces deux joueurs de compter une quarantaine de sélections. Encore moins connus sur nos terres même s’ils y jouent, Johnny Leveron (Vancouver) et Alexander Lopez (Houston) sont sur la liste des joueurs susceptibles de rejoindre le Brésil en cas de blessure d’un de leurs coéquipiers. Statut identique pour le dernier latino-américain de MLS que l’on pourrait voir au Brésil, le médian défensif équatorien Osvaldo Minda qui a quitté son pays en 2012 pour signer à Chivas USA.


Si l’influence qu’aura la Coupe du monde sur les résultats en MLS, finalement plutôt minime en 2010, est très difficile à évaluer, c’est tout simplement parce qu’en quatre ans, notre championnat a bien changé avec le retour d’internationaux américains, la multiplication des valeurs sûres convoquées en équipe nationale, l’arrivée de vedettes étrangères toujours assez bonnes pour représenter leur pays et une recrudescence de joueurs de la Concacaf à la fois bénéfique pour eux et pour les clubs. La combinaison de ces diverses raisons a fait exploser le nombre de représentants au Mondial de notre championnat qui, ça c’est sûr, a nettement progressé en quatre ans.